(Québec) Après une salve d’attaques contre des députés de l’opposition, le gouvernement Legault s’est fait repentant mardi. Tour à tour, un membre de la garde rapprochée de François Legault et la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, ont présenté des excuses sur les réseaux sociaux.

Geneviève Guilbault s’est excusée au péquiste Pascal Bérubé pour avoir affirmé qu’il avait utilisé son courriel de député pour « des évènements douteux ».

« Jeudi dernier, j’aurais dû être plus précise et simplement rappeler que la [commissaire à l’éthique et à la déontologie] mène actuellement une enquête sur le député de Matane-Matapédia en rapport avec l’article 36 du Code en matière d’utilisation des biens et services de l’État. Mes excuses à Pascal Bérubé », a écrit la ministre des Transports sur le réseau social X.

Jeudi, elle avait tenu un long point de presse pour s’expliquer après les révélations d’un couple endeuillé qui a affirmé en commission parlementaire avoir payé 200 $ pour la rencontrer lors d’un cocktail de financement.

« Souvent, ces évènements-là, ça s’organise en dehors des heures de bureau, avec des courriels personnels. On sait que, par exemple, Pascal Bérubé […] est sous enquête, actuellement, par la commissaire à l’éthique, parce qu’il a utilisé son courriel de [l’Assemblée nationale] pour des évènements douteux », avait laissé tomber Mme Guilbault.

Or, M. Bérubé fait l’objet d’une enquête pour avoir utilisé son courriel de l’Assemblée nationale dans le cadre de l’élection partielle dans Jean-Talon.

Pascal Bérubé a répondu aux excuses de la ministre avec une pointe d’ironie. « Chère Geneviève, tu me vois ravi de te lire. Rarement excuses ont été aussi senties, élégamment formulées, sans la moindre volonté d’y insérer un reproche ou d’attirer l’attention sur autre chose. La magnanimité dont tu fais preuve t’honore. J’accepte donc, dans le même esprit, ces excuses qui feront date », a-t-il écrit sur X.

Marissal reçoit aussi des excuses

De son côté, le directeur des relations médias du premier ministre, Manuel Dionne, avait lancé une attaque sur les réseaux sociaux contre le député de Québec solidaire Vincent Marissal. Celui-ci a raconté dans une lettre ouverte que M. Legault l’a traité de « lanceur de bouette national » sur le parquet du Salon bleu la semaine dernière. C’était en lien avec la controverse sur le financement politique de la Coalition avenir Québec (CAQ), alimentée par les partis de l’opposition.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le directeur des relations médias du premier ministre, Manuel Dionne (à droite)

« Vincent Marissal, le gars qui est entré en politique sur un mensonge. Celui qui, “selon mes sources”, tournait pas mal les coins ronds quand il était journaliste », a écrit M. Dionne sur les réseaux sociaux. M. Marissal avait d’abord nié puis avait reconnu des démarches entreprises pour devenir candidat du Parti libéral du Canada, en 2018.

Le député de Québec solidaire a dénoncé les propos de Manuel Dionne au sujet de sa carrière comme journaliste et chroniqueur à La Presse. Il a demandé des excuses et n’a pas exclu une poursuite en diffamation.

Mardi matin, Manuel Dionne s’est amendé, tout en laissant entendre que des attaques de l’opposition sont également non fondées.

« Trop souvent, j’assiste à des attaques injustifiées portant sur l’intégrité de nos élus. Elles laissent des marques douloureuses auprès de ces derniers et de leurs familles. Fâché par ses attaques, j’ai commis la même erreur. Je tiens donc à m’excuser auprès de M. Marissal », a-t-il écrit sur X.

Le député de Québec solidaire a accepté les excuses de Manuel Dionne. L’opposition a déploré que des employés caquistes s’en prennent à l’occasion à des élus sur les réseaux sociaux.

Nadeau-Dubois revient à la charge

En Chambre, le chef parlementaire solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, est revenu à la charge au sujet du financement caquiste. « Est-ce qu’il y avait une directive, est-ce qu’il y avait une façon de faire, implantée à la CAQ, où on conseillait, directement ou indirectement, aux élus et au personnel, y compris du personnel parlementaire, de faire miroiter la présence d’élus en échange d’une contribution politique ? », a-t-il lancé.

François Legault a répliqué qu’il n’y a pas eu de telle directive. Il a qualifié d’« inacceptables » les attaques de l’opposition.