(Québec) Denis Coderre confirme les révélations de La Presse et annonce au micro de la station de radio communautaire CKVL qu’il envisage sérieusement de se lancer dans la course à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ). L’ancien maire de Montréal affirme qu’il prendra une décision définitive après son voyage prévu au mois de mai sur le chemin de Compostelle, en Europe.

« Je vais être clair. Un, est-ce que j’y pense ? Oui. Est-ce que c’est sérieux ? Oui. Est-ce que j’ai la qualité de mes défauts ? Inquiétez-vous pas, je sais faire la distinction entre le chant des sirènes et la réalité. Est-ce que je suis controversé ? Au coton. Est-ce que je suis connu ? Je cherche encore le 5 % qui ne me connaît pas », a déclaré M. Coderre mercredi dans le cadre de sa chronique « Toute la ville en parle », qui sera diffusée en fin d’après-midi et qui est déjà disponible en ligne.

Se décrivant comme un « radical de centre », Denis Coderre a défendu son bilan à la mairie de la métropole, alors qu’il a perdu les deux dernières élections municipales face à l’actuelle mairesse Valérie Plante. « Si je n’avais pas parlé d’itinérance en 2013, on n’en parlerait pas aujourd’hui », a-t-il cité en exemple.

M. Coderre a subi en avril dernier un accident vasculaire cérébral. Âgé de 60 ans, il affirme qu’il s’en est remis et que son médecin lui a donné le feu vert pour qu’il reprenne ses activités.

Au cours des derniers jours, l’ancien maire et ex-ministre sur la scène fédérale a multiplié les appels auprès de membres et de personnes influentes au sein du Parti libéral du Québec afin de mesurer ses appuis dans le cadre d’une éventuelle candidature à la course.

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« Quand j’ai fait des appels, j’ai posé trois questions. La première : est-ce que vous me voyez premier ministre ? Deuxièmement, est-ce que j’ai la crédibilité et l’expérience ? Et troisièmement, est-ce que je suis passé date ? Êtes-vous tannés ? Je vais te dire qu’à 98 %, c’est oui all the way », a dit M. Coderre au micro de CKVL.

« Je dis toujours à la blague : “Si vous étiez dans marde, qui vous appelleriez ?” Alors si dans ce cas-là, c’est Coderre, peut-être que Coderre, c’est l’homme de la situation », a-t-il plus tard affirmé.

Réactions mitigées

Plusieurs militants libéraux de divers horizons, qui ont accepté de parler à La Presse sans que leurs noms soient cités, ne pouvant pas parler publiquement de la course pour des raisons professionnelles, ont accueilli la nouvelle avec prudence.

Pour certains, le fait qu’un politicien d’expérience avec un fort réseau de contacts songe à se lancer dans la course est une bonne nouvelle. À ce jour, la seule personne qui a publiquement manifesté son intérêt est le député Frédéric Beauchemin. D’autres espèrent que Denis Coderre se présente sur la ligne de départ pour que sa présence incite différentes personnalités à se présenter contre lui, afin d’avoir une course présentant plusieurs candidats et plusieurs visions politiques.

En coulisse, des personnalités qui ont gravité au sein d’anciens gouvernements libéraux soulignent que Denis Coderre, par son style flamboyant, a peut-être autant d’amis que d’adversaires en politique. « Il passe sa vie [fâché] contre Valérie Plante », a déploré l’un d’eux. Son caractère bouillant a également été souligné comme un trait de personnalité qui pourrait lui jouer des tours.

« C’est comme Patsy Gallant dans Big Brother. Il ne veut pas tomber dans l’oubli », a renchéri une autre personne, ajoutant que sa candidature aurait été plutôt intéressante en 2012, quand Jean Charest a perdu le pouvoir.

Dans sa chronique à CKVL, Denis Coderre a affirmé qu’il en avait contre l’âgisme en politique et que son expérience, tant sur la scène municipale que fédérale, avait une valeur.

« Je comprends qu’il faut parler plus au “nous” qu’au “je”, mais le “je” a fait des choses quand même », a-t-il dit.

Les prochaines étapes

En octobre dernier, à Drummondville, les militants libéraux ont décidé d’élire leur prochain chef au printemps 2025, soit un peu plus d’un an avant le prochain scrutin général. Lors des élections de l’automne 2022, le PLQ a subi une défaite historique, n’obtenant que 14,3 % des suffrages et faisant élire des députés pratiquement tous confinés sur l’île de Montréal.

Afin de se présenter pour devenir le prochain chef libéral, les candidats devront récolter les signatures de 750 membres en règle, provenant d’au moins 70 circonscriptions et de 12 régions, dont 350 nouveaux membres. Les aspirants au titre de chef devront également effectuer un dépôt au parti de 40 000 $. Les dépenses électorales seront limitées à 400 000 $.

Au terme du conseil général du PLQ, le président du comité électoral du PLQ, Nicolas Plourde, avait estimé qu’une course rapide « serait susceptible […] de dissuader plusieurs candidats de se présenter ».

Avec Bruno Marcotte, La Presse

Denis Coderre en bref

1997

Denis Coderre est élu député libéral dans la circonscription fédérale de Bourassa, à Montréal, poste qu’il occupera pendant 16 ans. Il sera notamment ministre de l’Immigration.

16 mai 2013

Toujours député libéral fédéral, il se lance en politique municipale en créant la formation Équipe Denis Coderre pour Montréal.

3 novembre 2013

Il est élu maire de Montréal avec un peu plus de 31 % des voix, devançant ses adversaires Mélanie Joly et Richard Bergeron.

5 novembre 2017

En lice pour un second mandat en 2017, Denis Coderre est défait. Dans le discours où il reconnaît la victoire de Valérie Plante, M. Coderre annonce qu’il quitte la politique municipale.

28 mars 2021

Lors d’un passage à Tout le monde en parle, Denis Coderre annonce son retour en politique pour les élections municipales. Il se présente au poste de maire avec son ancien parti, qui avait été rebaptisé Ensemble Montréal.

7 novembre 2021

Denis Coderre est de nouveau défait par Valérie Plante. Cinq jours plus tard, il annonce qu’il refuse de siéger comme chef de l’opposition à l’hôtel de ville et qu’il quitte la vie politique pour de bon.

11 avril 2023

Denis Coderre fait un accident vasculaire cérébral le forçant à réapprendre à marcher et à parler. « Je remercie le bon Dieu », dit-il sur les ondes de QUB, en juin.