(Ottawa) Le plafond de 1000 réfugiés temporaires gazaouis que le Canada propose d’accueillir est trop bas, et le programme devrait être élargi afin de permettre à des Palestiniens de la Cisjordanie de fuir les violences, plaide une députée libérale.

À quelques jours de l’entrée en vigueur du programme spécial, le 9 janvier prochain, l’élue Salma Zahid a écrit au ministre fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller, pour suggérer quelques ajustements.

PHOTO SPENCER COLBY, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La députée libérale Salma Zahid

« On s’inquiète que les niveaux de programme ne soient pas suffisants par rapport au nombre de personnes ayant des liens étroits avec le Canada qui pourraient obtenir un refuge temporaire ici », soutient la députée dans sa missive, vendredi.

Elle y argue aussi que la Cisjordanie, où les colons israéliens extrémistes commettent à l’endroit des Palestiniens des violences condamnées par le Canada, devrait être incluse dans la politique migratoire spéciale.

Avant la députée, l’organisation Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient a aussi réclamé l’abandon de la limite de 1000 demandes. Ce seuil est « complètement arbitraire et injustifiable », et il devrait être supprimé, a-t-on réclamé jeudi.

Le groupe a du même souffle dénoncé l’asymétrie entre le programme et les mesures de voyage d’urgence mises sur pied pour accueillir les Ukrainiens — en date du 28 novembre 2023, près de 940 000 demandes avaient été approuvées.

« Le fait d’obliger les Canadiens et leurs proches à Gaza à se disputer un petit nombre de visas sur la base d’une pénurie arbitraire témoigne d’un réel manque d’humanité », a dit Michael Bueckert, vice-président de l’organisation.

Les deux programmes doivent tenir compte de réalités totalement différentes. À l’heure actuelle, à Gaza, il est essentiellement impossible de sortir. Du côté de l’Ukraine, la liberté de mouvement n’est pas ainsi entravée.

Les critères d’admissibilité ne sont par ailleurs pas les mêmes : le programme ukrainien n’est pas limité aux membres de la famille de Canadiens, comme c’est le cas pour le plan gazaoui.

Une limite qui n’est pas ferme

Lorsqu’il a dévoilé ces mesures, le 21 décembre dernier, le ministre Miller a insisté sur le fait qu’elles étaient appelées à évoluer.

La limite de 1000 personnes évoquée dans le décret publié le 29 décembre dernier n’est donc pas forcément coulée dans le béton, a d’ailleurs laissé entendre le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté (IRCC).

« Les plafonds d’admission […] sont une pratique courante dans les politiques publiques. IRCC doit surveiller et examiner les volumes de candidatures reçues une fois le portail de candidature ouvert le 9 janvier », a écrit le porte-parole Matthew Krupovich.

« Nous devons voir quel est l’intérêt, les numéros d’approbation et la capacité d’aider les membres admissibles de la famille à quitter Gaza et à rejoindre un pays tiers sûr », a-t-il ajouté, arguant qu’il faut résister à la tentation de comparer les programmes entre eux.