Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a failli à la tâche, dénonce l’opposition à Québec, au lendemain d’une sortie coup-de-poing des chefs d’urgence du Québec dénonçant la situation devenue « hors de contrôle » dans leurs services.

« Le ministre Dubé a échoué à ses responsabilités », a estimé le député libéral André Fortin, réagissant à la situation alarmante dans les urgences dont La Presse faisait état samedi.

Dans une lettre adressée au ministre de la Santé, le Regroupement des chefs d’urgence du Québec (RCUQ) déplore que les urgences soient devenues « hors de contrôle » alors que « toute l’attention ministérielle était concentrée » sur la vaste réforme de Christian Dubé. Le réseau de la santé s’est « complètement figé » et la situation dans les urgences « s’est détériorée de manière fulgurante ».

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le porte-parole de l’opposition officielle en matière de Santé, le député libéral André Fortin.

« Quand des chefs d’urgence interpellent à répétition un ministre et l’avertissent de conséquences graves pour les patients, il n’a pas le droit d’ignorer leurs préoccupations », a dit le porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé.

Depuis août, les associations de médecins d’urgence ont alerté à maintes reprises les équipes ministérielles de la congestion dans les urgences. Fin novembre, deux patients sont morts aux urgences bondées de l’hôpital Anna-Laberge, à Châteauguay. Des enquêtes sont ouvertes.

« Les récents décès dans les salles d’attente, aussi médiatisés qu’ils soient, ne sont que la pointe de l’iceberg », a fait valoir la présidente du RCUQ, la Dre Marie-Maud Couture.

« Quand c’est rendu qu’il y a des gens qui meurent faute d’avoir vu un médecin, c’est quand même assez grave », a critiqué le député solidaire Vincent Marissal. Selon lui, Christian Dubé « a échoué de toute évidence à sa première tâche et à son mandat qui est de s’assurer que les gens ont les services ».

L’an dernier, Québec avait créé une cellule de crise pour désengorger les urgences. Selon la Dre Marie-Maud Couture, ces efforts ont apporté « des améliorations dans certains établissements », mais ils se sont ensuite essoufflés. Depuis le dépôt du projet de loi 15 en mars dernier, les rencontres de la cellule de crise ont été moins fréquentes.

Vendredi, le cabinet du ministre Christian Dubé a assuré qu’il effectuait des visites dans les urgences depuis la semaine dernière.

« La situation dans nos urgences nous préoccupe. Nous la suivons tous les jours avec les équipes. Notre rôle est de nous assurer de gérer l’urgent et de travailler sur l’important en même temps. Nous avons toutes les personnes en place pour le faire », a-t-on assuré.

« Ce qui est troublant, aujourd’hui, c’est apprendre que les chefs d’urgence interpellent en vain le Ministère depuis des mois », a pour sa part réagi le député péquiste Joël Arseneau, reprochant à Christian Dubé d’avoir fait « la sourde oreille ».

C’est sa responsabilité ministérielle qui est en jeu, à ce moment-ci, alors qu’il s’est lavé les mains d’une crise qui est devenue perpétuelle, avec les risques que cela comporte pour la qualité des soins, la santé des patients et du personnel.

Joël Arsenault, député péquiste

Récemment, le président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence, le DGilbert Boucher, admettait que la situation dans les urgences « commençait à faire peur » à ses membres.

« Ça fait deux semaines qu’il y a des hôpitaux qui sont dans les 200 %, et c’est dans ce temps-là, justement, qu’il y a des patients qui viennent dans les salles d’attente, qui ne sont pas vus et qui décèdent », avait-il indiqué dans une entrevue début décembre avec La Presse.

Avec Fanny Lévesque et Ariane Lacoursière, La Presse