« Je veux que ce plan de lutte soit une réponse pour contrer la violence, l’intimidation et l’intolérance », a affirmé la ministre Martine Biron jeudi en dévoilant le nouveau plan de Québec pour la lutte contre l’homophobie et la transphobie.

Au total, Québec injecte 24 millions de dollars sur cinq ans dans la lutte contre l’homophobie et la transphobie dans son nouveau plan 2023-2028. La ministre de la Condition féminine Martine Biron, responsable du dossier, en a fait l’annonce jeudi en conférence de presse. La « part du lion » de ce budget ira aux organismes communautaires qui travaillent sur le terrain avec les différentes communautés LGBTQ+, soit 11 millions de dollars.

« Les organismes sont bons, connaissent bien leur clientèle, parfois mieux que nous, a-t-elle souligné. On a besoin des groupes communautaires pour nous faire avancer, nous dire ce qui se passe sur le terrain. »

Le directeur général du Conseil québécois LGBT, James Galantino, a accueilli favorablement cette annonce. Il l’a qualifié de « baume pour le cœur » en ces temps difficiles pour les communautés.

« La montée de l’intolérance, c’est notre nouveau quotidien, et nous ignorons ce que nous avons fait pour mériter un tel sort », a-t-il lancé.

La ministre Biron a aussi souligné son inquiétude face à la montée des discours haineux et du harcèlement envers les personnes LGBTQ+. Des discours, selon elle, venus des États-Unis.

Le nouveau plan contient cinq orientations qui toucheront l’ensemble des ministères du Québec, a précisé Mme Biron. Parmi les mesures prévues, certaines visent à former et sensibiliser les policiers, pompiers, le milieu scolaire, le personnel du réseau de la santé ou du bureau du coroner, les entreprises, les ordres professionnels, etc.

Il s’agit du troisième plan de lutte contre l’homophobie et la transphobie depuis la première politique en la matière au Québec, adoptée en 2009.

Contexte tendu

Ce plan d’action survient au moment où plusieurs décisions de la Coalition Avenir Québec ont fait sourcillé du côté des la communauté LGBTQ+. Le 5 décembre, Québec a dévoilé la composition du nouveau comité de sages dont le rôle sera de conseiller le gouvernement sur les questions touchant l’identité de genre.

La CAQ avait annoncé la formation de ce comité notamment après une controverse touchant les toilettes mixtes dans les écoles du Québec, en septembre.

Aucune personne trans ou non binaire n’a été incluse dans ce comité de sages. Mardi, le gouvernement de François Legault a aussi annoncé qu’il attendrait les conclusions du comité avant d’ajouter le marqueur de sexe X sur les documents d’identité, comme la carte d’assurance-maladie. La modification devait d’abord avoir lieu cet automne.

M. Galantino a rappelé jeudi que les personnes LBGTQ+sont « les personnes les mieux placées pour savoir de quoi nous avons besoin. Nos communautés méritent une place dans la société libre de violence et de haine », a-t-il ajouté.

Concernant le plan d’action dévoilé jeudi, il a toutefois affirmé que « nous sentons que nous avons été entendus cette fois-ci ».

Manifestations

En septembre, la question de l’identité de genre a créé beaucoup de vagues dans le contexte où un groupe composé de militants musulmans conservateurs, de membres de la droite religieuse et de sympathisants du « convoi de la liberté », le One Million March for Children, a manifesté dans plusieurs grandes villes du pays sur le sujet. Des contre-manifestations ont également été organisées.

En avril dernier, des manifestants s’opposant à la lecture du conte par la drag queen Barbada dans une bibliothèque de la Rive-Sud avaient mené au déplacement de l’activité.

Avec les informations d’Hugo Pilon-Larose, La Presse