(Buenos Aires) Le gouvernement de l’ultralibéral président Javier Milei a annoncé jeudi un « protocole » de lutte contre le « désordre absolu » des manifestations sociales avec blocage de routes, en augmentant le rayon d’action des forces de l’ordre et s’engageant à faire « payer les organisateurs ».

La ministre de la Sécurité Patricia Bullrich, déjà à ce poste sous la présidence du libéral Mauricio Macri (2015-2019), a annoncé des mesures, et une prochaine loi, pour empêcher les « coupures, piquets, barrages », qui impactent l’activité et « empêchent les Argentins de vivre en paix ».

L’Argentine, le grand Buenos Aires notamment, sont le théâtre de centaines de manifestations avec coupures d’axes de circulation chaque année, et selon Bullrich « quotidiennes » dans certaines provinces.

Dorénavant, toutes les forces fédérales pourront intervenir sur une manifestation bloquant un axe de circulation, a-t-elle annoncé, et non seulement les polices de référence, provinciales ou de la capitale.

« La force utilisée sera le minimum nécessaire, mais proportionnelle à la résistance », a-t-elle ajouté, et « la facture de ce dispositif sera envoyée aux organisations ou individus responsables. L’État ne paiera pas pour cet usage de la force de sécurité ».

Mme Bullrich a aussi affirmé que des sanctions s’appliqueront aux parents qui amènent des enfants ou adolescents à des manifestations. « Il y aura des conséquences fortes pour qui utilise des enfants comme boucliers ».

Le gouvernement Milei a annoncé mardi une première série de mesures d’austérité, notamment une dévaluation choc de plus de 50 % du peso, et la réduction à partir de janvier des subventions aux transports, à l’énergie. Mesures qui couplées à une inflation déjà à 160 % sur un an sont vouées à durement impacter le pouvoir d’achat des Argentins.

Milei lui-même a convenu que la situation « va empirer à court terme », avant une amélioration des comptes et de l’économie.

Des syndicats et organisations sociales ont déjà averti que le monde ouvrier « ne restera pas les bras croisés » face au « dynamitage du pouvoir d’achat ». Un important mouvement social de gauche radicale, le Polo Obrero, a dénoncé « un plan d’agression du peuple » par Bullrich.  

La vice-présidente Victoria Villaruel a pour sa part appelé les syndicats à la « prudence », les mettant en garde contre « un degré d’agressivité ou de conflictualité sociale », alors que les mesures d’« un gouvernement de quatre jours » ont juste été annoncées, et pour certaines pas encore concrétisées.

PHOTO AGUSTIN MARCARIAN, ARCHIVES REUTERS

La vice-présidente argentine Victoria Villarruel

Un premier « test de la rue » est attendu les 19 et 20 décembre, avec les mobilisations commémorant la « Grande crise » traumatique de 2001.

Plusieurs médias soulignaient jeudi, après les annonces de Bullrich, qu’un plan similaire anti-manifestations avait déjà été lancé, sans grand succès, sous le gouvernement Macri.