(Québec) En grève jusqu’au 14 décembre, le Front commun a soumis une contre-offre salariale au gouvernement Legault. Les parties devraient se réunir à la table centrale de négociation vendredi après-midi.

Entourés de grévistes qui manifestaient autour du parlement, les chefs syndicaux du front commun (CSN, FTQ, CSQ et APTS) ont donné peu de détails sur leur nouvelle proposition lors d’une mêlée de presse vendredi.

Ils se sont contentés de dire que le front commun est prêt à signer des conventions collectives d’une durée de plus de trois ans. Quant à la demande d’augmentations salariales, on décode un peu de mouvement.

Le vice-président de la CSN, François Enault, a soutenu que le front commun veut protéger le pouvoir d’achat de ses 420 000 membres et combler l’écart identifié par un rapport de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) entre les salariés de l’administration publique québécoise et les autres.

« On a un rattrapage [à faire], vous le savez, vous avez vu l’ISQ. On parle de 7 % en rémunération globale, plus la clause d’indexation. C’est ce qu’on demande », a-t-il dit. Le front commun a contacté plus tard La Presse pour déclarer qu’il ne faut pas conclure que la contre-offre syndicale se chiffre au niveau présenté par M. Enault. Il a refusé de donner des précisions.

La demande initiale du front commun, sur trois ans, incluait 9 % d’augmentation au titre du rattrapage, en plus d’une hausse liée à l’indice des prix à la consommation – la « clause d’indexation » –, pour un total d’environ 23 %. Il faut comprendre que le front commun tient à ce que l’on utilise l’IPC de 2022 – très élevé – alors que le gouvernement veut tenir compte de l’inflation seulement à partir de 2023, première année des prochains contrats de travail.

Jeudi, le premier ministre François Legault s’est dit prêt à bonifier sa nouvelle offre d’augmentations de salaire de 12,7 % en cinq ans, présentée mercredi.

La présidente de la FTQ, Magali Picard, a déploré que le gouvernement n’ait pas répondu encore au dépôt syndical fait jeudi. La table centrale doit se réunir vendredi après-midi, mais le gouvernement n’aurait pas confirmé formellement sa présence selon elle.

Aux tables sectorielles, l’avancement des négociations est « à géométrie variable », estime le président de la CSQ, Éric Gingras. Il faudra accélérer le rythme pour arriver à un résultat. Des médiateurs tenteront de faire avancer plus rapidement les pourparlers lors de rencontres à certaines tables ce week-end. Selon François Enault, on est encore loin du moment d’une rencontre au sommet avec le premier ministre François Legault pour régler les contrats de travail en raison de l’état des discussions aux tables sectorielles.

Le front commun se dit prêt à régler les négociations avant les Fêtes. Ses instances se réuniront les 18 et 19 décembre pour faire le point, une occasion selon eux d’entériner une éventuelle entente. À défaut d’un accord, une grève générale illimitée pourrait être déclenchée au début de l’an prochain.

« C’est la plus longue grève que le secteur public a connue en 50 ans. Et ça, malheureusement, le gouvernement Legault devra mettre ça dans son bilan », a dit le président de l’APTS, Robert Comeau.

« Moment crucial »

Pour la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, « on est nécessairement dans un moment qui est crucial ».

« Tout le monde semble être d’accord, y compris le front commun, pour être capable d’arriver à une entente d’ici la fin de l’année. Je n’oserais pas qualifier ça de blitz, mais je dirais que je pense que les intensifications sont présentes vu la volonté affichée de part et d’autre d’arriver à des ententes les plus rapidement possible. On va se rendre disponible pour le faire », a-t-elle affirmé lors d’une mêlée de presse au parlement.

Elle considère que les offres du gouvernement sont « raisonnables et sérieuses ». Selon elle, en vertu de la dernière proposition gouvernementale, une infirmière clinicienne à temps plein qui accepte des « quarts [de travail] défavorables dans des secteurs névralgiques 24/7, dont les urgences », gagnerait en 2027 « plus de 147 000 $ » au sommet de l’échelle ; un enseignant, « plus de 104 000 $ ». Elle réitère que le gouvernement tient à obtenir plus de « souplesse » dans les conventions collectives des réseaux de la santé et de l’éducation.

Québec envisage-t-il le recours à une loi spéciale ? « Je suis toujours dans l’optique de régler avec une entente », a-t-elle répondu.