(Québec) Pour un deuxième sondage consécutif, la Coalition avenir Québec de François Legault se retrouve derrière le Parti québécois dans les intentions de vote, une situation périlleuse que le premier ministre attribue à des décisions impopulaires de son gouvernement.

« Écoutez. Le troisième lien, l’augmentation du salaire des députés, les Kings de Los Angeles : il y a un ensemble de facteurs. Mais je vous le dis, ce qui est important pour moi, j’ai juste une priorité, c’est que les enfants retournent à l’école », a lancé M. Legault en mêlée de presse mercredi.

Au matin, les médias de Québecor ont publié un sondage réalisé par la firme Léger qui rapporte que le PQ obtient 31 % des intentions de vote (+5 points depuis octobre), la CAQ chute en deuxième place à 25 % (-5 points). Québec solidaire est au troisième rang à 17 % (+2), le parti libéral est quatrième avec 14 % (-1) et le Parti conservateur du Québec est cinquième avec 11 % (-1).

Il y a deux semaines, une enquête de la firme Pallas Data publiée dans L’Actualité montrait cette tendance, en donnant 30 % au Parti québécois, et 24 % à la CAQ.

« Je prends toujours toute la responsabilité », a lancé M. Legault.

« Le peuple aura toujours raison »

Des députés caquistes ont commenté la nouvelle. Le député de Beauce-Nord Luc Provençal, qui avait affirmé que la subvention faite aux Kings de Los Angeles n’était pas dans ses « valeurs », a souligné que « le peuple aura toujours raison ».

Le député de Montmorency, Jean-François Simard, qui s’est illustré dernièrement par son appui inconditionnel au retour des Nordiques, a fait une analogie sur le hockey pour souligner qu’il n’y aura pas d’élections avant trois ans. « Permettez-moi la comparaison, c’est comme si on tirait de l’arrière au terme d’une première période, mais il reste encore deux autres grosses périodes. Autrement dit, la game est loin d’être finie », a-t-il dit.

Mario Asselin, qui représente Vanier-Les Rivières, estime que la CAQ est loin d’être « mal aimée », même si elle a « baissé beaucoup » dans les intentions de vote.

« On sent un peu de grogne. Il y a toujours des erreurs quand tu es au gouvernement. On n’est pas rendu à faire le bilan. Faut pas nécessairement prendre le mors aux dents », a-t-il indiqué.

Donald Martel est député caquiste de Nicolet-Bécancour depuis 2012. Il a connu des années de vaches maigres lorsque le parti était dans l’opposition jusqu’en 2018. « C’est la première fois en cinq ans qu’on vit ça. Ce n’est pas anormal, il faut en prendre acte », a-t-il souligné.

Le ministre des Finances Eric Girard, qui a suscité la grogne avec sa subvention aux Kings de Los Angeles, estime de son côté qu’il est « motivé » par ce sondage, car il veut travailler « encore plus fort » pour retrouver la confiance des Québécois.

Un référendum dans un premier mandat

Le chef péquiste Paul-St-Pierre Plamondon estime de son côté que le Parti québécois peut continuer de grimper dans les sondages en allant chercher « plusieurs indépendantistes, notamment à la CAQ ». « On a encore beaucoup d’espace », a-t-il dit.

Le sondeur Jean-Marc Léger nuance toutefois ces propos. Son coup de sonde montre que l’appui à l’indépendance reste à 34 %, et que 47 % des citoyens souhaitent au contraire que le Québec signe la Constitution canadienne de 1982. « La souveraineté n’a pas monté, ça veut dire que [Paul St-Pierre Plamondon] s’approche de son plafond », a-t-il affirmé au Journal de Montréal.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE, ARCHIVES LA PRESSE

Selon 28 % des personnes sondées, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon ferait le meilleur premier ministre du Québec, comparativement à 19 % qui appuient François Legault.

Le chef péquiste n’est pas de cet avis. « Je pense qu’on est à l’aube de transformations importantes sur la question de l’indépendance et des appuis à l’indépendance. Il y a du temps devant nous et on va travailler à la promotion d’une option qui me semble fondamentale », a-t-il dit. Il souhaite parcourir le Québec et ses régions en 2024 pour parler de l’indépendance et réitère qu’un gouvernement du Parti québécois fera un référendum dans un premier mandat.

Signer la constitution ?

De son côté, Québec solidaire tente de rester optimiste. « Je constate qu’il y a eu une augmentation quand même de 2 %. […] Ce n’est pas suffisant, j’en conviens. Mais nous continuons de faire notre travail avec beaucoup de sérieux et je suis convaincu que ce travail-là va être récompensé », a affirmé le député de Laurier-Dorion Andrés Fontecilla.

Au Parti libéral, on mise sur la course à la direction de 2025 pour faire bouger les chiffres des sondages, a dit Monsef Derraji. Le député de Nelligan souligne d’ailleurs que la course à la direction du parti pourrait mettre en jeu la signature de la constitution. « Ça va être sur la table pour les prochaines discussions au niveau de la course au leadership », a-t-il dit.

Le comité sur la relance du PLQ vient cependant de déposer un rapport qui fait la promotion d’un virage nationaliste et que l’ancien co-président du comité, André Pratte, a été nommé président de la commission politique du PLQ. Un candidat à la direction du parti qui ferait la proposition de signer la constitution bifferait les demandes historiques du Québec, qui ont toujours été appuyées par le PLQ. « La course, c’est le moment idéal pour avoir tous les débats », soutient M. Derraji.