(Ottawa) Le gouvernement Trudeau proposera de nouvelles mesures dans sa mise à jour économique et financière pour accélérer la construction de nouveaux logements, promet le ministre fédéral du Logement, Sean Fraser.

L’une des mesures avec lesquelles jongle le gouvernement fédéral permettrait aux constructeurs d’accéder à du financement à des taux d’intérêt avantageux afin de soutenir des projets de construction qui ont été mis en veilleuse à l’heure actuelle en raison des taux d’emprunt trop élevés, a donné en exemple le ministre.

« Nous devons faire en sorte que les chiffres fonctionnent pour les constructeurs », a laissé tomber M. Fraser au cours d’une conférence de presse à Ottawa, citant en exemple la décision du gouvernement Trudeau annoncée en septembre d’éliminer la TPS sur la construction de nouveaux immeubles destinés à la location.

« Nous examinons d’autres politiques qui pourraient avoir un impact sur cette équation mathématique », a-t-il indiqué, soulignant que l’objectif est d’encourager la construction de logements abordables.

La ministre des Finances, Chrystia Freeland, doit présenter la mise à jour économique et financière du gouvernement fédéral le mois prochain. À Québec, le ministre des Finances, Eric Girard, présentera une mise à jour économique le 7 novembre. Il doit annoncer des investissements importants pour s’attaquer à la crise du logement au Québec.

Thème dominant

M. Fraser n’a pas voulu donner plus de détails au motif que certaines décisions budgétaires n’avaient pas encore été prises et qu’il incombe à la ministre Freeland de faire les annonces dans sa mise à jour économique. Mais il a clairement fait savoir que la crise du logement serait l’un des thèmes dominants de cet exercice.

Cela dit, le ministre Fraser a affirmé que les incitatifs financiers et les investissements d’Ottawa ne seraient pas suffisants pour résorber la crise du logement. L’industrie de la construction doit trouver impérativement des moyens d’augmenter sa productivité.

Selon lui, la construction à grande échelle de maisons usinées et préfabriquées est l’une des solutions qu’il faut envisager. « Nous devons construire davantage de maisons dans des usines. Il est facile de tomber dans des slogans à la mode autour de l’innovation, mais cela signifie simplement de faire quelque chose de différent pour résoudre un vieux problème », a-t-il exposé.

« Nous pouvons tirer les leçons que nous avons apprises de pratiquement toutes les autres industries. […] Nous voyons la construction de maisons en usine se développer dans différentes régions du Canada », a-t-il soutenu, exprimant le souhait que la capacité de production de ces usines augmente considérablement au cours des prochaines années.

Le ministre a aussi affirmé que la formation de la main-d’œuvre dans le secteur de la construction ainsi que les immigrants faisaient partie de la solution.

Selon les estimations de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), il faudrait construire 5,8 millions de logements d’ici 2030 pour remettre le pays sur les rails de l’abordabilité en matière de logement. Or, il faudrait construire trois fois plus de logements par année pour y arriver, le rythme actuel de construction (environ 280 000 logements par année) ne permettant de construire qu’environ 2,3 millions de logements.

La crise du logement touche maintenant l’ensemble des régions du pays, provoquant du coup une hausse importante du nombre de personnes en situation d’itinérance dans les centres urbains. L’accès à la propriété est devenu de plus en plus difficile pour les jeunes, qui ont vu le prix des maisons exploser au cours des quatre dernières années. Cette crise a aussi fait perdre des plumes aux libéraux de Justin Trudeau dans les sondages.