(Ottawa) Plus de 30 députés libéraux, néo-démocrates et verts demandent au premier ministre de réclamer un cessez-le-feu immédiat entre Israël et le Hamas, dans une lettre qu’aucun député du Parti conservateur et du Bloc québécois n’a signée.

Le plaidoyer transpartisan a été rendu public vendredi par la présidente du Groupe d’amitié parlementaire Canada-Palestine, la libérale Salma Zahid, par l’entremise d’une lettre dont 33 députés de la Chambre sont signataires.

« Le Canada a longtemps été un porte-drapeau de la paix. Plus le conflit durera, plus il fera de victimes innocentes », écrit-on dans la missive adressée à Justin Trudeau.

« Nous réclamons que le Canada se joigne au nombre croissant de pays qui demandent un cessez-le-feu immédiat. Le Canada doit agir pour éviter que d’autres enfants ne soient tués », ajoutent les députés.

Le groupe d’élus exige aussi qu’Ottawa fasse « tout en son pouvoir » pour faciliter l’acheminement d’aide humanitaire pour le peuple palestinien.

Le Canada doit aussi « reconnaître que des générations de Palestiniens ont souffert de l’occupation israélienne » et « réaffirmer son engagement envers la coexistence pacifique d’un État palestinien libre et d’un État israélien libre » insistent-ils aussi.

La lettre, partagée sur les réseaux sociaux par Salma Zahid, est signée par 23 élus du Parti libéral, 8 députés du Nouveau Parti démocratique et les 2 représentants du Parti vert à la Chambre des communes.

Cela représente un peu moins de 10 % de l’ensemble des 338 députés fédéraux.

Aucun des 117 conservateurs et des 32 bloquistes ne fait partie du lot.

Selon un adjoint du bureau de Salma Zahid, la lettre a initialement circulé au sein du Groupe d’amitié.

« À partir de là, les membres ont partagé la lettre avec d’autres collègues du caucus qui ne faisaient pas partie du groupe d’amitié. Il y a des députés du Bloc dans le groupe d’amitié, mais aucun n’a signé. Il n’y a aucun député conservateur dans le groupe d’amitié », a expliqué celui-ci.

Divisions libérales

Le premier ministre Justin Trudeau n’a pas nié, vendredi, qu’il y existait des différences d’opinions au sein de son caucus.

Car les députés sont justement à Ottawa pour représenter « les gens ont peur, les gens sont fâchés, les gens sont inquiets », a-t-il argué.

Le rôle des parlementaires, c’est de refléter les préoccupations et les espoirs de leur communauté.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

« Mais notre responsabilité, c’est aussi de s’écouter, de travailler ensemble, et de veiller à ce qu’on se souvienne de qui on est en tant que Canadiens », a noté Justin Trudeau.

Des députés libéraux de confession musulmane et juive ont d’ailleurs échangé leurs perspectives sur la guerre jeudi soir dans une salle du parlement.

« Détruire le Hamas » ?

Le premier ministre a par ailleurs réitéré vendredi la position « ferme et inébranlable » d’Ottawa en faveur d’une solution à deux États dans le conflit israélo-palestinien.

Il n’a pas voulu reprendre à son compte les termes employés par l’ambassadeur du Canada auprès des Nations unies, Bob Rae, qui a appelé à anéantir le Hamas dans une allocution à Ottawa, mercredi soir.

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

L’ambassadeur du Canada auprès des Nations unies, Bob Rae

Évoquant la « cruauté systématique et brutale » du groupe terroriste, il a dit que « toute organisation comme celle-ci [devait] être détruite », selon un discours dont le Toronto Star a publié des extraits.

« Est-ce la position de votre gouvernement ? », a demandé un journaliste à Justin Trudeau, vendredi.

« Le Hamas est une organisation terroriste, et le gouvernement canadien la considère comme telle depuis des années, voire des décennies », a répondu le premier ministre.

Et pour riposter à « l’une des pires attaques terroristes de l’Histoire contre des civils », l’État hébreu a le droit « de se défendre dans le respect du droit international », a-t-il aussi affirmé.