(Ottawa) L’avion gouvernemental qui devait ramener Justin Trudeau à la maison est cloué sur le tarmac de l’aéroport de New Delhi depuis plus d’un jour, en raison d’un problème technique. On s’attend toutefois à ce que le premier ministre décolle mardi en fin d’après-midi, heure locale, à bord de l’appareil réparé, ou sur les ailes d’un autre qui a été envoyé en renfort.

Le séjour du premier ministre en Inde aura été plus long que prévu, bien malgré lui. Normalement, l’aéronef des Forces armées canadiennes qui les transportait, lui et la délégation canadienne, devait s’envoler dimanche soir à destination d’Ottawa, à l’issue d’un sommet du G20 difficile.

Mais l’avion n’a jamais décollé. « Le CC-150 Polaris de l’Aviation royale canadienne a subi un problème de maintenance et n’est pas en mesure de transporter le premier ministre et la délégation chez eux », a expliqué un porte-parole du ministère de la Défense nationale, Daniel Le Bouthillier.

Le problème détecté avant le décollage concerne « une composante qui devra être remplacée », a-t-il précisé.

Un autre appareil a quitté la base de Trenton dimanche soir pour se rendre en Inde. Selon la plus récente mise à jour du bureau de Justin Trudeau, un « départ possible » est prévu « au plus tôt mardi en fin d’après-midi [heure locale] ». La situation demeure toutefois « fluide », indique-t-on.

La flotte de CC-150 Polaris comprend les appareils utilisés pour transporter le premier ministre du Canada, la gouverneure générale et d’autres hauts fonctionnaires et responsables. Cette flotte est utilisée depuis le début des années 1990.

En juillet dernier, le fédéral a acheté neuf nouveaux Airbus pour remplacer la flotte vieillissante de CC-150 Polaris, qui approche de la fin de sa vie utile. L’un de ces avions a été livré à Ottawa le mois dernier, mais il n’est pas encore prêt à être utilisé.

On ne sait toujours pas ce qu’il adviendra de la participation de Justin Trudeau à la réunion du caucus libéral national, qui se tient mercredi et jeudi à London, en Ontario. Son bureau doit fournir davantage de détails à ce sujet au cours des prochaines heures.

Un sommet laborieux

Les déboires du premier ministre ont attiré les railleries du chef conservateur, Pierre Poilievre. « Aujourd’hui, Trudeau subit les mêmes retards de vol qu’il a imposés aux Canadiens en raison de sa mauvaise gestion des aéroports fédéraux », a-t-il écrit lundi sur X (anciennement Twitter).

La veille, le leader de l’opposition offrait cette analyse au sujet de la participation de son adversaire au sommet du G20 en Inde : « En mettant la partisanerie de côté, personne n’aime voir un premier ministre canadien se faire humilier et piétiner à répétition par le reste du monde. »

Son message coiffe une capture d’écran de la une du Toronto Sun où l’on voit une photo du premier ministre indien, Narendra Modi, qui semble indiquer à son homologue canadien vers où se diriger. « Par ici la sortie : Trudeau découvre qu’il a peu d’amis au sommet du G20 en Inde », a titré le tabloïd.

Le dirigeant nationaliste hindou n’a pas été tendre non plus à l’égard de son invité, lui faisant part lors d’une brève rencontre de ses « vives préoccupations concernant la poursuite des activités anti-indiennes d’éléments extrémistes au Canada », selon le sommaire de l’entretien Trudeau-Modi en provenance du camp indien.

Par « éléments extrémistes », on entend les militants sikhs en faveur de la création de l’État du Khalistan, qui comprendrait notamment le Pendjab. « C’est un gros caillou dans le soulier des relations indo-canadiennes », résume Serge Granger, professeur de sciences politiques à l’Université de Sherbrooke.

On a aussi appris, avant la virée indopacifique de Justin Trudeau, que les négociations de l’entente de libre-échange avaient été mises sur la glace, ce qui témoigne d’un « refroidissement », dit Laurence Deschamps-Laporte, qui a été cheffe de cabinet du ministre des Affaires étrangères François-Philippe Champagne.

« Personne ne dira » que la relation entre Justin Trudeau et Narendra Modi est « chaleureuse », et celle entre Ottawa et New Delhi est « complexe », « épineuse », souligne celle qui est maintenant directrice scientifique du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal.

Mais l’Inde est incontournable, insiste-t-elle.

Son « importance stratégique et son leadership […] ne feront que s’accroître à mesure que l’Inde, la plus grande démocratie du monde, deviendra le pays le plus peuplé sur la planète et que son économie continuera de prendre de l’expansion », est-il d’ailleurs écrit dans la stratégie indopacifique du gouvernement.

Avec La Presse Canadienne

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