(Jakarta) Certains dirigeants d’Asie du Sud-Est voient le Canada comme un point d’ancrage pour la paix dans la région indopacifique, tandis qu’ils lancent un nouveau partenariat stratégique à un moment où s’accroissent les tensions à propos des revendications territoriales dans la mer de Chine méridionale.

« En tant que partenaire stratégique, j’espère que le Canada pourra devenir un point d’ancrage pour la paix et la stabilité dans la région, qui respecte le droit international et qui encourage une coopération plus concrète et inclusive, en particulier dans la région indopacifique », a déclaré le président indonésien Joko Widodo, mercredi, alors qu’il accueillait le Canada dans un nouveau partenariat stratégique.

Le partenariat avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) est considéré comme un geste symbolique qui reflète la présence plus grande du Canada dans la région indopacifique.

Dans un discours prononcé mercredi devant les dirigeants de l’association, M. Trudeau a déclaré que cela démontrait les progrès réalisés vers la conclusion éventuelle d’un accord de libre-échange entre le Canada et ce bloc de dix nations.

« Nous partageons des engagements clairs en faveur de la paix et de la stabilité, de l’ouverture et de la transparence, du développement et de la coopération économique, ainsi que de la compréhension du fait que les règles internationales sont essentielles à la croissance », a soutenu M. Trudeau.

Le premier ministre Trudeau a rencontré des dirigeants de ces pays cette semaine en marge du sommet annuel de l’ANASE.

Tensions dans la région

La Chine, Taïwan et certains États membres de l’association – le Brunei, la Malaisie, les Philippines et le Vietnam – sont depuis des décennies coincés dans une impasse territoriale de plus en plus tendue en mer de Chine méridionale, où transite l’essentiel du commerce mondial.

La Chine a préoccupé de nombreux pays de la région Asie-Pacifique après avoir publié une nouvelle carte officielle revendiquant la majeure partie de la mer de Chine méridionale, ainsi que des parties contestées de l’Inde et de la Russie.

La plupart des gouvernements contestant les revendications chinoises sur la mer de Chine méridionale sont membres de l’ANASE. L’Inde, quant à elle, accueillera le sommet du G20, en fin de semaine, auquel M. Trudeau devrait assister.

Plus tôt dans la journée, mercredi, le premier ministre canadien a tenu des réunions privées en marge du sommet avec les dirigeants de la Malaisie, du Vietnam, de la Corée du Sud, des Philippines et de l’Australie.

M. Trudeau a profité de sa rencontre bilatérale avec le président philippin, Fernandez Marcos Jr., pour inviter le dirigeant à visiter le Canada l’année prochaine. Le service des communications présidentielles indique que M. Marcos sera au Canada pour célébrer 75 ans de relations diplomatiques entre les deux pays.

Lors de la rencontre de M. Trudeau avec le premier ministre vietnamien, Pham Minh Chinh, et avec le premier ministre malaisien, Anwar Ibrahim, les dirigeants ont discuté séparément de leur engagement à défendre l’ordre international fondé sur des règles et à avoir une région indopacifique libre et ouverte, selon un compte-rendu du cabinet du premier ministre.

Justin Trudeau a également exprimé son intérêt auprès des dirigeants de l’ANASE pour que le Canada se joigne aux 18 pays du Sommet de l’Asie orientale, et à la Réunion élargie des ministres de la Défense de l’ANASE, qui renforce la coopération en matière de sécurité et de défense pour la paix, la stabilité et le développement.

Cap sur l’insécurité alimentaire

Le Canada a par ailleurs publié une déclaration commune avec les dix pays de l’ANASE qui énonce leur engagement à lutter contre l’insécurité alimentaire.

Cela fait partie de l’engagement du gouvernement canadien à investir dans la région indopacifique dans les infrastructures vertes et dans la résilience de la chaîne d’approvisionnement, en particulier en matière d’approvisionnement alimentaire.

Dans son discours au sommet de l’ANASE, M. Trudeau a affirmé que le Canada se concentre sur l’investissement dans les projets d’énergie renouvelable, d’énergie durable et d’eau dans la région.

Le premier ministre Trudeau a également présenté le Canada comme un fournisseur fiable de ressources naturelles comme les engrais et les minéraux essentiels, affirmant que le Canada possède l’énergie propre dont le monde a besoin pour contribuer à sa transition énergétique verte.

Le premier ministre a été bien accueilli lors de ce sommet ; le président sud-coréen a qualifié M. Trudeau d’ami proche et de quelqu’un qu’il est toujours heureux de croiser.

En soirée, M. Trudeau devait souper avec le président indonésien, avant de s’envoler pour Singapour, jeudi, puis pour le sommet du G20 à New Delhi, en fin de semaine.