(Québec) L’attractivité du Québec pour recruter des travailleurs étrangers qualifiés dans le contexte d’une « vive concurrence internationale » pourrait être affectée par les critères linguistiques imposés par le gouvernement Legault aux immigrants économiques, qui doivent désormais faire la preuve qu’ils atteignent un niveau intermédiaire de connaissance du français pour être admis.

Dans un rapport qui a été transmis ce mois-ci au ministère de l’Immigration, l’Institut du Québec (IDQ) recommande que la réforme de l’immigration soit modifiée pour ne pas nuire à l’économie.

« La proposition actuelle vise à sélectionner uniquement des personnes qui connaissent déjà le français dans les programmes d’immigration économique. […] Or, dans un contexte de vive concurrence internationale pour les talents, un tel critère pourrait nuire à l’attractivité du Québec pour certains candidats de choix, notamment dans des secteurs de pointe », affirme l’IDQ.

« Au-delà de l’établissement de critères de sélection basés sur les compétences en français, ce sont les efforts de francisation qui permettront ultimement de s’assurer que les nouveaux immigrants s’intègrent en français », ajoute-t-on.

L’Institut du Québec déplore aussi que le gouvernement resserre certains critères d’accès au volet diplômés du Programme de l’expérience québécoise (PEQ), considéré comme une voie rapide pour obtenir la résidence permanente. Dans sa réforme, Québec exige que les diplômés qui postulent aient étudié dans un programme d’enseignement francophone ou suivi un cheminement scolaire en français d’au moins trois ans dans un autre pays.

« Une telle orientation – en plus de nuire à l’attractivité internationale des institutions d’enseignement anglophones du Québec – pourrait réduire l’impact d’une mesure par ailleurs porteuse, celle d’accroître le nombre de résidents permanents issus des diplômés du Québec […]. De plus, cette approche ne semble pas cohérente avec la ligne directrice de l’immigration permanente qui favorise a priori la connaissance du français et non pas le choix d’un programme ou l’origine des candidats à l’immigration », affirme l’IDQ.

L’institut propose à Québec de permettre aux étudiants qui ont appris le français au cours de leurs études de postuler.

Des consultations cet automne sur les seuils

En mai dernier, la ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, a également déposé les propositions gouvernementales qui mèneront cet automne aux consultations pour mettre à jour la Planification pluriannuelle de l’immigration au Québec pour la période 2024-2027. Le gouvernement a avancé deux scénarios : maintenir le seuil d’immigration à 50 000 nouveaux arrivants par année (comme le promettait François Legault en campagne électorale), ou bien hausser ce seuil à plus de 60 000 en 2027.

Dans ce débat, l’Institut du Québec affirme que le gouvernement devrait hausser son seuil, comme le propose son deuxième scénario, et estime que la province est capable d’intégrer un flux plus important d’immigrants permanents.

« L’immigration, si elle est bien menée, s’avère l’un des moyens efficaces pour le Québec de faire face à son défi démographique et économique. D’autre part, l’expérience a montré que le seuil de 50 000 immigrants permanents adopté ces dernières années a mené à des stratégies de contournement par le biais de l’immigration temporaire. Cette forme d’immigration sur laquelle le Québec a moins de contrôle ne permet pas, à moyen terme, une réflexion stratégique sur les flux de population », dit l’IDQ.

Ces seuils, ajoute-t-on, « ne bouleverseront pas radicalement l’équilibre démographique et encore moins, celui du marché du travail québécois ».

« L’apport annuel des immigrants permanents par rapport au poids total de la population québécoise s’avère inférieur à 1 % de l’ensemble de la population, et cela même avec la hausse attendue des seuils (0,7 % de la population du Québec en 2027). Ces nouveaux seuils restent bien plus faibles que ceux proposés dans la dernière planification fédérale de l’immigration. À titre d’exemple, en 2025, le flux de nouveaux immigrants dans le reste du Canada devrait représenter 1,4 % de la population, soit plus du double de ce qui est proposé par Québec », affirme l’IDQ.