(Québec) Le dépôt d’une loi à Québec pour protéger le droit à l’avortement est maintenant bien incertain. La ministre responsable de la Condition féminine, Martine Biron, qui avait lancé l’idée, laisse entendre que d’autres moyens sont possibles pour atteindre le même objectif.

En entrevue à La Presse en avril, Mme Biron a annoncé son intention d’enchâsser ce droit « sacré » dans une loi. Elle disait clairement que son premier choix pour protéger ce droit, « visser ça dans le mur », était de légiférer. Elle lançait alors des consultations sur le sujet, tout se demandant si « d’autres chemins plus forts qu’une loi » seraient envisageables.

Lors de son arrivée à la réunion hebdomadaire du conseil des ministres mercredi, la ministre a répondu que les groupes consultés sont divisés au sujet de l’idée de déposer une loi.

Par exemple, Le Devoir a rapporté mercredi que le Barreau du Québec estime que « toute nouvelle législation ou modification législative pour réaffirmer nommément le droit à l’avortement comporte des risques, dont le principal est d’ouvrir la porte à d’éventuelles limitations à ce droit ».

« En effet, comme c’est le cas dans plusieurs juridictions ailleurs dans le monde, le droit à l’avortement, une fois inscrit dans une loi, pourrait être limité, par exemple, [au] premier trimestre de grossesse ou en appliquant des restrictions, conditions ou contraintes pour les avortements dits tardifs », ajoute-t-il. Le Barreau considère que le droit à l’avortement est déjà bien protégé en ce moment.

« Oui, il y a des gens qui ont des réserves sur différents chemins ou différentes façons de faire les choses, a reconnu Martine Biron. D’autres sont complètement emballés et veulent qu’on aille de l’avant. Il s’agit de faire la part des choses et de prendre le meilleur chemin. »

Questionnée pour savoir si elle a toujours l’intention de déposer une loi, elle a répondu : « Moi, ce que je veux, d’abord et avant tout, c’est protéger le droit des femmes, protéger le droit des femmes de choisir l’avortement. Je ne ferai pas de compromis là-dessus. Je n’accepterai jamais un recul sur la protection du droit des femmes comme c’est le cas dans d’autres États, même certains États du G7. Mon objectif est clair et précis ».

Pour atteindre cet objectif, légiférer est-il nécessaire ? lui a-t-on demandé.

« On verra, a-t-elle dit. Je n’ai pas pris ma décision encore. » Elle tranchera à l’automne. Son intention est surtout d’« envoyer un signal très clair que le droit des femmes de choisir n’est pas négociable ».