(Ottawa) Le français est-il en déclin au Québec ? La nouvelle députée libérale dans Notre-Dame-de-Grâce–Westmount, Anna Gainey, a évité de répondre à la question lors de sa première mêlée de presse dans les couloirs du parlement, mercredi. La veille, la réforme de la Loi sur les langues officielles venait d’obtenir la sanction royale et d’entrer en vigueur.

« J’ai des collègues ici aussi qui aimeraient parler. Je ne suis pas la seule », a-t-elle dit en riant pour esquiver la question. Elle était accompagnée d’un autre nouveau député libéral qui a remporté l’élection partielle de lundi dans la circonscription manitobaine de Winnipeg–Centre-Sud, Ben Carr, et du candidat David Hilderley, qui a réussi à réduire l’écart avec son rival conservateur dans la circonscription ontarienne d’Oxford.

Pressée par les journalistes, elle a ensuite quitté la mêlée de presse pour se diriger vers la réunion du caucus hebdomadaire des libéraux sans répondre.

La loi C-13, qui harmonise la Loi sur les langues officielles à la Charte de la langue française au Québec, est un sujet controversé dans la circonscription de Mme Gainey, où résident de nombreux Anglo-Québécois. Son prédécesseur, l’ex-ministre Marc Garneau, avait fait une sortie contre cette réforme. Il avait tenté sans succès de faire retirer toute référence à la Charte de la langue française du texte législatif lors de l’étude en comité parlementaire avec l’aide du député Anthony Housefather.

La Charte de la langue française reconnaît le français comme seule langue officielle et commune sur le territoire québécois.

« Elle a dû garder l’exécutif de M. Garneau », a blagué le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet. Il y voit un manque de sensibilité des libéraux à l’égard du français au Québec.

Il a également reproché à Anna Gainey de ne pas avoir réellement fait campagne pour remporter l’élection partielle en évitant les débats. « Elle a fait la campagne arrogante d’un parti qui dans certaines circonscriptions du Québec agit comme si ces circonscriptions-là n’étaient pas au Québec », a-t-il dit.

La députée a fait parvenir une déclaration écrite à La Presse plus tard dans la journée. « Je suis fière d’être Québécoise et comme je l’ai dit dans d’autres entrevues dans les derniers jours, je suis préoccupée par la protection de la langue française au Québec et dans l’ensemble du Canada », a-t-elle indiqué.

« Ce gouvernement a pris des mesures importantes pour promouvoir la langue française et la protéger contre son déclin et ce travail doit continuer, a-t-elle ajouté. Je continuerai de travailler sur ces engagements et sur toutes les priorités que j’ai entendues lors des milliers de conversations durant notre campagne à Notre-Dame-de-Grâce–Westmount. »

Selon les données du dernier recensement, le poids du français continue de diminuer au Québec, tout comme dans le reste du pays. La proportion de personnes qui ont déclaré avoir le français comme langue maternelle est en baisse. Elle est passée de 77,1 % à 74,8 % de 2016 à 2021 au Québec. La proportion de personnes dont le français est la première langue officielle parlée a également chuté de 83,7 % à 82,2 % d’un recensement à l’autre.