(Ottawa) La vice-première ministre, Chrystia Freeland, a indiqué mardi que le gouvernement libéral respectait le choix des Albertains aux élections générales de lundi, alors que son gouvernement devra encore composer avec une première ministre qui est plus souvent une adversaire qu’une alliée.

Mme Freeland, qui vient de cette province historiquement connue comme le « bastion conservateur » du pays, a fait un bref commentaire mardi matin, quelques heures après la victoire du Parti conservateur uni de Danielle Smith, contre les néo-démocrates de Rachel Notley.

« Les Albertains ont parlé et nous prenons acte », a déclaré Mme Freeland en se rendant à la réunion hebdomadaire du cabinet libéral, mardi matin à Ottawa.

Mme Smith a remplacé l’automne dernier l’ancien ministre conservateur fédéral Jason Kenney à la tête du Parti conservateur uni (PCU) et au poste de premier ministre. Les militants venaient de montrer la porte à M. Kenney à cause des restrictions sanitaires qu’il avait promulguées en Alberta pendant la pandémie.

L’ancienne cheffe du parti Wildrose a remporté en octobre la course à la direction du PCU en s’appuyant sur le vote de ces mécontents — notamment les manifestants qui avaient bloqué des passages frontaliers et les rues autour de la colline du Parlement pendant le « convoi de la liberté ».

Mme Smith s’en prend fréquemment au premier ministre Justin Trudeau pour ses politiques en matière d’énergie et d’hydrocarbures, qui, selon elle, nuisent à l’économie de l’Alberta. Elle dénonce ainsi la tarification du carbone ou l’introduction de mesures visant à réduire les émissions de GES de l’industrie pétrolière et gazière.

La première ministre a réitéré ce message dans son discours de la victoire, lundi soir, invitant les Albertains « à se serrer les coudes face aux politiques d’Ottawa qui seront bientôt annoncées », quel que soit leur vote aux urnes.

« Garder un esprit ouvert »

Le ministre fédéral des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, a adopté un ton optimiste quant à l’espoir de trouver un terrain d’entente sur des priorités telles que le développement de l’hydrogène et l’extraction de minéraux critiques.

« Le Canada fonctionne mieux lorsque les Canadiens travaillent ensemble, a-t-il déclaré aux journalistes mardi. Je vais aborder les conversations avec la première ministre Smith et son nouveau cabinet avec un esprit ouvert. »

Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, était d’accord, affirmant que le gouvernement fédéral continuera de travailler avec l’Alberta comme il l’a fait au cours des dernières années.

M. Trudeau avait félicité Mme Smith pour sa victoire dans un communiqué tôt mardi matin. Il souhaite continuer « à travailler ensemble pour obtenir des résultats pour les Albertains », créer plus de bons emplois pour la classe moyenne et « positionner l’Alberta comme un chef de file en matière d’énergie propre ».

Le chef conservateur fédéral, Pierre Poilievre, qui a soutenu Mme Smith dans la dernière ligne droite de la campagne, a écrit sur Twitter que les électeurs albertains avaient « rejeté la coalition woke NPD-libérale ».

L’ex-premier ministre conservateur fédéral Stephen Harper avait également appuyé le Parti conservateur uni pendant la campagne, alors que de nombreux observateurs se demandaient si des conservateurs modérés voteraient pour Mme Smith, compte tenu de ses commentaires controversés sur les restrictions sanitaires.

Comme les chefs conservateurs fédéraux avant lui, M. Poilievre bénéficie d’un soutien massif en Alberta.

Le plus grand défi de Mme Smith lundi était de remporter des sièges à Calgary et Edmonton, les deux grands centres urbains. M. Poilievre fait face à un défi similaire dans le Grand Toronto et la région métropolitaine de Vancouver, où lui et ses députés de première ligne ont passé de nombreuses fins de semaine à essayer de séduire un nouvel électorat.