À l’initiative du premier ministre Justin Trudeau, les dirigeants du G7 ont appelé la Chine à ne pas se livrer à de l’ingérence étrangère. Dans un communiqué publié samedi, ils ont aussi souligné leur intention de réduire leur dépendance économique à Pékin.

Ce qu’il faut savoir

  • Chaque année, les dirigeants des pays du G7, qui compte le Canada, le Royaume-Uni, les États-Unis, l’Allemagne, la France, le Japon et l’Italie, se réunissent afin de fixer des priorités et des objectifs communs.
  • Le sommet a débuté vendredi et se terminera dimanche.
  • Les alliés ont déjà annoncé une batterie de nouvelles sanctions économiques contre le régime de Vladimir Poutine.

Réunis à l’occasion de leur sommet annuel à Hiroshima, au Japon, les dirigeants du G7 ont partagé samedi leurs objectifs en matière de changements climatiques, d’instabilité économique et d’armes nucléaires, et ils ont discuté de la guerre en Ukraine, entre autres.

Selon un responsable du gouvernement du Canada, Justin Trudeau a soulevé la question de l’ingérence chinoise avec ses homologues du Royaume-Uni, de la France, de l’Italie, de l’Allemagne, des États-Unis et du Japon.

À sa demande, ils ont appelé la Chine « à ne pas mener d’activités d’ingérence visant à porter atteinte à la sécurité et à la sûreté de [leurs] communautés, à l’intégrité de [leurs] institutions démocratiques et à [leur] prospérité économique ».

D’après l’ex-ambassadeur du Canada en Chine Guy Saint-Jacques, il s’agit d’un geste de solidarité important entre les pays du G7, même si son influence sur Pékin risque d’être limitée.

« Cela envoie un message à la Chine que ses comportements ne sont pas acceptables », soutient-il.

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Réunis pour leur sommet annuel à Hiroshima, au Japon, les dirigeants du G7 ont publié un communiqué conjoint qui abordait la question de l’ingérence étrangère, à la demande du premier ministre Justin Trudeau.

Or, cette demande vise principalement à rassurer les autres dirigeants, croit M. Saint-Jacques : le gouvernement de Justin Trudeau est talonné depuis des mois au sujet d’allégations d’ingérence chinoise dans les élections fédérales de 2019 et de 2021.

Je soupçonne que M. Trudeau a demandé l’inclusion de cette phrase pour essayer de redorer auprès de ses partenaires l’image de son gouvernement, mise à mal par son inaction à la suite des révélations des derniers mois.

Guy Saint-Jacques, ex-ambassadeur du Canada en Chine

« Normalement, cela devrait être suivi par l’annonce de mesures supplémentaires pour contrer l’ingérence chinoise », ajoute le spécialiste.

Des pratiques déloyales

C’est loin d’être le seul avertissement lancé à la Chine. Les alliés du G7 ont indiqué qu’ils s’opposeront à la coercition économique et aux pratiques déloyales employées par Pékin, « qui perturbent l’économie mondiale ».

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De gauche à droite, le président du Conseil européen, Charles Michel, la première ministre d’Italie, Giorgia Meloni, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, le président de la République française, Emmanuel Macron, le premier ministre du Japon, Fumio Kishida, le président des États-Unis, Joe Biden, le chancelier d’Allemagne, Olaf Scholz, le premier ministre du Royaume-Uni, Rishi Sunak, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen

« Nos approches politiques ne sont pas conçues pour nuire à la Chine et nous ne cherchons pas non plus à contrecarrer le progrès et le développement économiques de la Chine, ont-ils cependant nuancé. Une Chine en croissance qui respecte les règles internationales serait d’intérêt mondial. »

En même temps, ils reconnaissent que la résilience économique implique une « réduction des risques et une diversification ». « Nous prendrons des mesures, individuellement et collectivement, pour investir dans notre propre dynamisme économique », indique le document.

De plus, le premier ministre Justin Trudeau et ses homologues ont exprimé leurs vives préoccupations au sujet des tensions entre la Chine et Taïwan.

« Nous réaffirmons l’importance de la paix et de la stabilité de part et d’autre du détroit de Taïwan, qui sont indispensables à la sécurité et à la prospérité de la communauté internationale », ont-ils déclaré.

Samedi soir, Pékin a exprimé « son vif mécontentement et sa ferme opposition » aux reproches formulés à son égard. « Le G7 s’obstine à manipuler les questions liées à la Chine, à discréditer et attaquer la Chine », a déploré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la Chine dans un communiqué.

« Dans les faits, [le G7] entrave la paix dans le monde, nuit à la stabilité régionale et inhibe le développement d’autres pays », a-t-il accusé.

Armes nucléaires

L’enjeu des armes nucléaires s’est également retrouvé au sommet des priorités des alliés.

Ceux-ci se sont engagés à « renforcer les efforts de désarmement et de non-prolifération, en vue d’atteindre l’objectif ultime d’un monde sans armes nucléaires et d’une sécurité sans faille pour tous », indique le communiqué.

Ce sommet est d’autant plus symbolique qu’il se déroule dans la ville d’Hiroshima, décimée par une bombe atomique en 1945.

Par ailleurs, la rencontre diplomatique survient dans un contexte de multiplication des conflits armés à travers le monde, avec l’invasion russe en Ukraine au premier plan. Les dirigeants ont promis de soutenir l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra face à l’agression illégale de la Russie » et ont demandé à Pékin de faire pression sur Moscou afin qu’il retire ses troupes.

Le Canada a annoncé de nouveaux investissements pour soutenir les populations des pays en développement.

Les centaines de millions de dollars annoncés par Ottawa serviront à lutter contre les changements climatiques, l’insécurité alimentaire et les inégalités touchant les femmes.

M. Trudeau devrait tenir une conférence de presse ce dimanche, à la fin du sommet.

Avec La Presse Canadienne