(Ottawa) Même si de grandes inondations se produisent plus fréquemment, les Canadiens demeurent peu informés du risque qu’ils courent et sont donc mal préparés. Pourtant, 80 % des grandes villes canadiennes sont situées entièrement ou partiellement dans des zones inondables, selon le premier rapport du gouvernement fédéral pour dresser le portrait des risques liés aux catastrophes naturelles.

Montréal, Toronto et Vancouver font pourtant partie des sept régions métropolitaines au pays qui sont situées dans des zones inondables où le risque est élevé.

« En raison des changements climatiques, nous constatons à la fois une augmentation de la fréquence et de la gravité de ces évènements liés aux conditions météorologiques », a rappelé le ministre de la Protection civile, Bill Blair, en conférence de presse jeudi.

Présentement, cinq provinces et un territoire sont aux prises avec des inondations ou des incendies de forêt. Il s’agit du Québec, de l’Ontario, de la Saskatchewan, de l’Alberta, de la Colombie-Britannique et des Territoires du Nord-Ouest.

Le gouvernement a d’ailleurs annoncé jeudi que les Forces armées canadiennes allaient être mises à contribution pour combattre les incendies de forêt en Alberta. La province avait déclaré l’état d’urgence samedi. Comme pour les inondations, le rapport constate que le public est peu sensibilisé à ce type de catastrophe naturelle.

Cette première évaluation des risques vise à permettre aux citoyens, aux municipalités et aux gouvernements provinciaux, territoriaux et fédéral de mieux se préparer pour les catastrophes à venir.

C’est un peu comme conduire sur la route. C’est notre tentative d’allumer les lumières et d’éclairer la route afin que les gens puissent anticiper les dangers.

Bill Blair, ministre de la Protection civile

Le rapport identifie d’autres lacunes, dont le manque de coordination entre les ordres de gouvernement pour réagir lors des crues et le fait que « les données et les informations disponibles pour atténuer les risques d’inondation sont disparates et [que] les Canadiens y sont peu sensibilisés. »

La coordination des efforts contre les risques d’inondation entre les différents ordres de gouvernement est insuffisante, les données et les informations disponibles pour atténuer les risques d’inondation sont disparates et les Canadiens y sont peu sensibilisés. Il demeure pourtant « le danger le plus coûteux et le plus fréquent au Canada ».

Le ministre Blair a indiqué que lors des inondations de 2021 en Colombie-Britannique, les maisons et les immeubles à appartements représentaient seulement environ 15 % de la perte. « Le coût le plus élevé dans ce cas était pour l’infrastructure essentielle, a-t-il affirmé. Il s’agit d’autoroutes, de ponts, de ponceaux, de voies ferrées. »

Le dernier budget fédéral alloue 48,1 millions sur cinq ans et 3,1 millions annuellement par la suite au ministère de la Sécurité publique pour identifier les zones inondables à risque élevé et la modernisation du programme d’accords d’aide financière en cas de catastrophe naturelle pour en atténuer l’impact sur les infrastructures. L’information sur le risque de chaque localité sera disponible par l’entremise d’un portail en ligne d’ici 12 à 18 mois, a indiqué le ministre Blair.

Il prévoit également 31,7 millions sur trois ans à compter de 2023-2024 pour la mise sur pied d’un programme d’assurance qui serait offert à coût modique aux gens qui font face à un risque élevé d’inondation et qui sont sans assurance.

« Approximativement, 10 % des résidences au pays ne peuvent pas être assurés parce qu’elles vont être inondées tôt ou tard », a affirmé le vice-président pour les changements climatiques et les enjeux fédéraux du Bureau d’assurance du Canada (BAC), Craig Stewart, en entrevue.

Cette association qui représente les compagnies d’assurance a recommandé au gouvernement de financer une partie des primes d’assurance, trop chères pour ces ménages, tout en leur donnant des incitatifs pour mieux se protéger des inondations que ce soit en installant une pompe, en colmatant les brèches dans leur fondation ou même en surélevant la maison s’ils sont sur une plaine inondable. Le BAC espère que le programme sera prêt pour le printemps 2025.

Le rapport indique également qu’un tremblement de terre majeur, soit d’une magnitude de 9,0, dans le corridor Québec-Montréal-Ottawa ou en Colombie-Britannique pourrait rapidement devenir la catastrophe naturelle la plus coûteuse au pays. Les pertes sont estimées à 61 milliards dans le premier cas et à 75 milliards dans l’autre.

Cette première évaluation nationale des risques met l’accent sur trois types de catastrophes naturelles : les tremblements de terre, les incendies de forêt et les inondations. Elle sera effectuée annuellement. La prochaine examinera les vagues de chaleur, les ouragans et le phénomène des éruptions solaires qui perturbent le champ magnétique terrestre, ce qui affecte les réseaux électriques, les satellites et les systèmes de communication.