(Ottawa) Le porte-parole néo-démocrate en matière de santé, Don Davies, soutient que les soins dentaires pour les Autochtones devront être améliorés si la nouvelle assurance dentaire fédérale offre des services de meilleure qualité ou plus accessibles.

Le gouvernement libéral a réservé 13 milliards sur cinq ans pour la mise sur pied d’un programme national de soins dentaires destiné aux Canadiens à faible et moyen revenu.

Cette assurance dentaire fait partie de l’« entente de soutien et de confiance » conclue avec les néo-démocrates pour obtenir leur appui en Chambre lors de votes de confiance.

Le gouvernement fédéral offre déjà les soins dentaires aux Autochtones dans le cadre du programme de Services de santé non assurés pour les Premières Nations et les Inuits (SSNA), ainsi que des soins dentaires urgents pour les réfugiés.

Le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, examine de près ce programme de prestations, qui, selon lui, est solide, mais imparfait.

« Je travaille avec Patty Hajdu [la ministre des Services aux Autochtones], qui est responsable des SSNA, pour voir comment nous pouvons tirer parti de leur expérience et de leurs enseignements afin d’offrir un meilleur programme aux Canadiens non autochtones, sur la base de ce que nous faisons pour les Canadiens autochtones », a dit M. Duclos en entrevue le mois dernier.

Toutefois, les prestations offertes dans le cadre du futur régime dentaire fédéral ne seront probablement pas une copie conforme de ce qui est offert aux membres des Premières Nations et aux Inuits, estime M. Davies.

Si cette nouvelle assurance dentaire nationale est plus généreuse que ce qui est offert aux Autochtones, le député Davies croit que le gouvernement devra alors apporter des améliorations pour mettre à niveau les deux programmes.

« Au bas de l’échelle »

Jan Martin, directrice des relations autochtones au Centre de services de santé autochtone du sud-ouest de l’Ontario, souligne que les soins dentaires auraient déjà bien besoin d’améliorations.

« Nous sommes au bas de l’échelle avec les SSNA », soutient Mme Martin.

En ce qui concerne les prothèses dentaires, par exemple, le programme fédéral ne permet de les remplacer que tous les huit ans, alors que de nombreux dentistes recommandent de les changer au bout de cinq ans seulement.

« Ils se passent de leur dentier. Ils disent que leur prothèse leur fait mal parce que leur bouche a changé. Ils ne peuvent pas en obtenir une autre paire avant cinq ans », relate Mme Martin à propos de certains de ses clients.

Elle espère que l’attention portée actuellement sur ces soins bucco-dentaires permettra d’apporter ces améliorations pour les Autochtones.

« Ils ont souffert assez longtemps, nos peuples. Il a été prouvé que nos besoins en matière de santé sont plus chroniques que la norme », fait-elle valoir.

M. Duclos a déjà souligné l’importance des soins préventifs, tels que les nettoyages réguliers, dans le cadre du nouveau programme.

La directrice de la pratique de l’hygiène dentaire de l’Association canadienne des hygiénistes dentaires a fait remarquer qu’une prévention complète n’est toujours pas incluse dans les prestations offertes aux Premières Nations.

« Les SSNA ne couvrent pas beaucoup la prévention, ce qui est vraiment notre objectif à ce stade », a déclaré Sylvie Martel lors d’une conférence de presse à Ottawa la semaine dernière.

L’année dernière, la présidente de l’Association dentaire canadienne disait devant le comité permanent des affaires autochtones et du Nord de la Chambre des communes craindre que les populations autochtones soient laissées pour compte par le nouveau programme d’assurance fédéral.

« Dans l’état actuel des choses, aucune partie de ce financement ne cible les quelque un million de membres des Premières Nations et d’Inuits du Canada qui sont admissibles au programme des SSNA », a fait valoir la Dre Lynn Tomkins en mai dernier.

« Cela pourrait en fait accroître les inégalités importantes en matière de santé bucco-dentaire entre ce groupe et l’ensemble de la population canadienne », ajoutait-elle.

Le comité a également entendu que, dans le cadre du programme de prestations non assurées, certaines procédures courantes doivent être approuvées au préalable, ce qui oblige les patients à attendre les soins dont ils ont besoin.

Dans son rapport final présenté au Parlement en décembre, le comité a recommandé au gouvernement de collaborer avec les partenaires des Premières Nations et des Inuits pour revoir les prestations et s’assurer qu’elles sont comparables à celles d’autres programmes dentaires. Il proposait aussi que le processus d’approbation soit similaire.

Le nouveau programme national de soins dentaires devrait être lancé avant la fin de l’année, en commençant par couvrir les personnes non assurées de moins de 18 ans, les personnes âgées et les personnes handicapées.

Il sera accessible aux personnes remplissant les conditions requises et dont le ménage gagne moins de 90 000 $ par an. Les personnes dont le revenu est inférieur à 70 000 $ n’auront pas à payer de quote-part.

D’ici à 2025, le programme devrait être accessible à toutes les personnes dépourvues d’assurance privée et dont les revenus sont inférieurs au seuil fixé.