(Québec) Le gouvernement Legault se dit préoccupé par l’intérêt de groupes financiers « non conformes » qui voudraient profiter de la position clé du Québec dans la filière batterie pour s’enrichir, comme l’a révélé La Presse jeudi.

« Clairement, nous voulons protéger nos ressources naturelles, surtout les minéraux critiques, d’être dans des mains non conformes ou non alignées avec les intérêts du Québec », a affirmé le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon. « On fait beaucoup de travail dans ce sens-là avec le gouvernement fédéral aussi, il y a des moyens très approfondis pour nous aider », a-t-il ajouté.

La Presse a rapporté jeudi que la position enviable du Québec dans la création d’une filière nord-américaine des batteries intéresse un groupe financier lié au blanchiment d’argent et au crime organisé transnational.1 Investissement Québec a bloqué une campagne de séduction sophistiquée visant à séduire des personnalités politiques et à acheter une mine stratégique en Abitibi avec son appui.

Il a été révélé que des hommes d’affaires impliqués dans le rachat de la mine de lithium à La Corne ont même pu rencontrer le ministre Fitzgibbon pour plaider leur cause.

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Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fizgibbon

« J’ai rencontré les gens, comme je rencontre un paquet de personnes, mais il y a un processus très diligent qui a lieu au gouvernement. Donc, avec Investissement Québec et le fédéral, rapidement les gens ont découvert qu’il y avait peut-être des choses un peu problématiques. Conséquemment, il n’y a jamais eu de suite aux rencontres qui ont eu lieu avec ce groupe-là », a expliqué M. Fitzgibbon.

J’ai perdu une heure de mon temps, mais la bonne nouvelle, c’est qu’après ça, avant qu’on aille plus loin, avant qu’on fasse même des lettres d’offres, de discuter de structure, on fait une revue diligente.

Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon

Le groupe appelé Lithium 360 réunissait des gens d’affaires québécois et américains, avec l’appui d’une société de financement européenne appelée Bandenia. Celle-ci a même réussi à se faire enregistrer auprès de trois organismes gouvernementaux chargés d’écarter les bandits de l’industrie financière : Revenu Québec, l’Office de la protection du consommateur et le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE), a rapporté La Presse.

Des mécanismes en place

Comment se fait-il que Revenu Québec, qui est chargé par le gouvernement du Québec de mener une enquête de sécurité sur les antécédents de tout propriétaire d’entreprise de services monétaires, a accordé six permis d’activité à des entreprises de services monétaires du réseau Bandenia ? Le ministre des Finances, responsable de Revenu Québec, Eric Girard, n’a pas voulu commenter l’enquête de La Presse.

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Un carrotage et de la poudre de lithium

« Je pense qu’il y a des mécanismes qui sont en place », a répondu à ce sujet le ministre Fitzgibbon.

« Ici, heureusement, le travail a été fait en amont, puis il n’y a pas eu de perte d’argent, il n’y a pas eu de perte de ressources, là. Je pense qu’on peut dire qu’on est confortables du processus qui a été suivi », a-t-il dit.

Investissement Québec avait d’ailleurs mis en garde le ministre Fitzgibbon alors qu’une équipe d’experts au sein du bras financier du gouvernement avait commencé à flairer la présence d’acteurs indésirables derrière Lithium 360. Puisque les minéraux critiques sont un secteur clé pour le Québec, Investissement Québec surveille de près les investisseurs potentiels.

Le pedigree des partenaires est passé aux rayons X, parfois avec l’aide de bases de données spécialisées ou de bureaux d’Investissement Québec à l’étranger. La société d’État peut même exiger que les investisseurs se déplacent en personne au Québec.

1. Lisez l’enquête : « Achat d’une mine de lithium en Abitibi : un indésirable bloqué par Québec »