(Lévis) François Legault annoncera d’ici « quelques semaines » une nouvelle « proposition » pour le projet de tunnel autoroutier entre Québec et Lévis. Il n’a ni confirmé ni démenti la possibilité de construire un tunnel consacré exclusivement au transport collectif, en plus d’un tunnel pour les automobiles.

« Comme je l’ai dit, on a fait faire de nouvelles études d’achalandage, incluant les impacts du télétravail, qui diminuent la capacité. D’ici quelques semaines, [la ministre des Transports] Geneviève Guilbault va faire une proposition, et on n’a rien à ajouter pour l’instant », a lancé le premier ministre du Québec mardi, en marge d’une conférence de presse sur le chantier maritime Davie à Lévis.

« Je sais que vous aimeriez que je vous annonce aujourd’hui ce qu’on va vous annoncer probablement dans quelques semaines, mais on va vous l’annoncer dans quelques semaines », a-t-il ajouté.

En matinée, Radio-Canada rapportait que le projet de tunnel autoroutier entre Québec et Lévis, qui en est déjà à sa troisième mouture, pourrait être modifié de façon importante.

Un tunnel serait réservé à l’usage exclusif du transport collectif, et potentiellement au passage d’un tramway. Un deuxième tunnel étagé serait destiné exclusivement aux automobilistes. Les camions ne pourraient pas y circuler.

Ces propositions auraient été soumises lors de rencontres confidentielles avec des employés de la Ville de Québec et de la Ville de Lévis.

Bitube

Actuellement, le plan de 6,5 milliards prévoit la construction d’un « bitube », où chaque tunnel permettait le passage d’automobilistes. Pour le transport collectif, de simples voies réservées devaient être mises en place à l’heure de pointe.

Est-ce que le gouvernement fédéral serait davantage ouvert à l’idée de financer une infrastructure à 100 % consacrée au transport collectif ? Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, qui accompagnait M. Legault dans la conférence de presse, n’a pas voulu se mouiller.

Comme toujours, on a hâte de voir la proposition.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

« On est toujours là pour parler des projets qui sont importants pour les communautés locales, on est là pour investir particulièrement dans le transport collectif. On va continuer de regarder les projets qui nous seront soumis », a indiqué M. Trudeau.

Il a ajouté que « les gens commencent à comprendre à quel point nos deux gouvernements travaillent bien ensemble pour livrer des projets importants pour les Québécois et pour le bien du Canada ».

La première annonce officielle du gouvernement caquiste dans ce dossier, en mai 2021, proposait un unique tunnel de 8,3 km qui frôlerait les 10 milliards de dollars. Un an plus tard, au printemps 2022, le gouvernement Legault présentait un projet de bitube à 6,5 milliards. Avant son élection, la Coalition avenir Québec (CAQ) préconisait un pont à la hauteur de l’île d’Orléans.

La semaine dernière, après le dépôt d’un budget provincial qui ne proposait aucune somme additionnelle pour ce projet, François Legault s’était défendu de l’abandonner, comme le soupçonnaient les partis de l’opposition.

« Je suis toujours déterminé à faire un troisième lien », avait assuré le premier ministre. Son gouvernement ne peut toutefois plus garantir que le coût estimé du projet ne dépassera pas 6,5 milliards.

Improvisation

Le sujet a fait réagir à l’Assemblée nationale, où les partis de l’opposition ont critiqué « l’improvisation » de la CAQ. « La science des transports, ce n’est pas de l’improvisation. On suit le processus, on fait une étude de besoins, une étude d’opportunité. On ne fait pas travailler du monde pour faire des projets au gré du vent, improvisés », a pesté le député solidaire de Taschereau, Étienne Grandmont.

La ministre des Transports lui a rétorqué qu’il faut « faire la différence entre les ouï-dire rapportés dans les journaux », quoiqu’ils sont « parfois fondés dépendant des projets ». Comme M. Legault, Geneviève Guilbault leur demande de prendre leur mal en patience.

Le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, a fait remarquer de son côté que c’est « la nature du projet qui est remise en question » par le gouvernement Legault, ce « qui n’est pas nécessairement une mauvaise chose ». Mais déjà, il a une demande : « s’il y a deux tubes, puis qu’il y en a un en voiture puis l’autre en transports en commun, bien, nous, on voudrait savoir le prix de chaque tube ».

Quant au chef libéral, Marc Tanguay, il a affirmé qu’il avait « hâte de parler de quelque chose de concret ».