(Montréal) Ottawa consent une aide financière de près d’un million de dollars sur quatre ans au Refuge pour femmes autochtones de Montréal dans l’optique d’offrir un meilleur accès à la justice aux membres vulnérables de cette communauté.

Cela s’inscrit dans la première stratégie de justice autochtone collaborative pour lutter contre la surreprésentation et la discrimination systémique dans l’appareil judiciaire canadien.

Le ministre fédéral de la Justice, David Lametti, a confirmé mardi matin une aide financière de 919 000 $, qui servira entre autres à offrir les services d’un avocat à temps plein auprès de l’organisme et des familles qui le fréquentent.

Une travailleuse sociale sera aussi embauchée pour soutenir les bénéficiaires des services du centre. Le reste de l’enveloppe sera consacré à la mise en place de formation permettant à ceux-ci de mieux connaître leurs droits.

La somme est tirée du programme de Financement pour la prestation de services et de soutien juridiques aux communautés racisées, pour lequel 21,5 millions avaient été alloués dans le dernier budget.

Freiner la surreprésentation

Actuellement, beaucoup de familles autochtones sont brisées au pays par le retrait d’enfants par les services de protection à l’enfance, a souligné la directrice du refuge, Na’kuset S.

Bon nombre de spécialistes ou d’avocats sont peu outillés pour venir en aide aux mères parce qu’ils ne sont pas familiers avec la réalité des peuples autochtones, a-t-elle également déploré.

Les services qui seront financés par le ministère de la Justice viendront se greffer à un projet d’habitation de 23 unités destinées aux femmes autochtones et à leurs enfants, où on retrouvera également une clinique de pédiatrie sociale. Le tout devrait ouvrir en août prochain.

« Nous souhaitions collaborer avec des experts pour aider les femmes, surtout pour qu’elles récupèrent leurs enfants. L’arrivée d’un avocat en droit de la famille va leur redonner de l’espoir », a indiqué Na’Kuset S.

M. Lametti espère que ces mesures aideront à réduire la surreprésentation des autochtones dans le système judiciaire et dans le milieu de la protection de la jeunesse.

« Je suis conscient que ce sont des failles dans notre système qui rendent le travail d’organismes [comme celui du Refuge] si essentiel », a-t-il affirmé.

« Nous avons tous un rôle à jouer pour mettre fin aux violences subies par les femmes et les personnes LGBTQ des communautés autochtones, a pour sa part déclaré la députée d’Outremont, Rachel Bendayan. Notre gouvernement s’est engagé à lutter contre la discrimination et le racisme systémique, qui leur ont causé des traumatismes sur plusieurs générations, en plus d’inégalités sociales et économiques. »