(Ottawa) Le ministre Marco Mendicino a défendu lundi la cible d’immigration du gouvernement fédéral fixée après « un très bon processus de consultation » avec les provinces et les territoires. Celui qui a dirigé le ministère de l’Immigration avant de passer à la Sécurité publique a témoigné en comité parlementaire sur les contrats octroyés à la firme McKinsey.

« Il y a des facteurs différents qui contribuent à la décision de la cible d’immigration, mais c’est une décision qui est prise par le gouvernement », a-t-il insisté en réponse aux questions de la députée bloquiste Julie Vignola.

Le comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de la Chambre des communes examine les contrats attribués par le gouvernement à la firme de consultants, dont la valeur a grimpé sous les libéraux de Justin Trudeau. En tout, 34 contrats d’une valeur totale de 116,8 millions ont été accordés à McKinsey par divers ministères et agences depuis l’élection du gouvernement Trudeau en 2015.

Le ministre de la Sécurité publique a été convoqué en comité parlementaire pour donner des explications sur quatre contrats donnés par son ministère et par l’Agence des services frontaliers dont la valeur totale frôle 7 millions, mais il s’est également fait questionner sur le rôle de McKinsey dans la décision d’augmenter les seuils d’immigration.

L’ex-grand patron de la firme, Dominic Barton, est le cofondateur du groupe de pression Century Initiative qui préconise des politiques publiques pour augmenter la population canadienne à 100 millions de personnes d’ici 2100. Il a quitté le cabinet-conseil en 2018 et a été nommé ambassadeur du Canada en Chine un an plus tard.

Lors de son témoignage en février, M. Barton avait indiqué que le gouvernement avait choisi de fixer une cible plus élevée que celle proposée par le Conseil consultatif en matière de croissance économique dont il était le président. Ce conseil avait été mis sur pied en 2016 par l’ex-ministre fédéral des Finances Bill Morneau et comptait 14 membres, dont Michael Sabia qui était alors président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Il est depuis devenu sous-ministre aux Finances au sein du gouvernement fédéral.

Le ministre Mendicino a soutenu que la décision de hausser le seuil d’immigration à 500 000 à compter de 2025 relève entièrement du gouvernement.

Il a expliqué que trois critères entrent en ligne de compte pour déterminer cette cible.

« Premièrement, le besoin de l’économie, et cette discussion-là est un produit de consultations avec toutes les provinces et les territoires, y inclus le Québec avec lequel nous avons une très bonne relation », a-t-il affirmé.

Il y a ensuite le processus de réunification familiale, pour que des immigrants déjà au Canada puissent faire venir des membres de leur famille, et celui pour les demandeurs d’asile.

Le ton monte sur la crise des opioïdes

La réunion du comité a donné lieu à une prise de bec entre le député néo-démocrate Gord Johns et quelques députés conservateurs sur la question de la crise des opioïdes. McKinsey a dû verser près de 600 millions à 47 États américains pour avoir aidé des compagnies pharmaceutiques à stimuler la vente de ces antidouleurs.

« Votre gouvernement adopte une approche graduelle face à cette crise. La politique des petits pas tue lorsqu’il s’agit d’une crise sanitaire », a critiqué l’élu de la Colombie-Britannique, où les morts dues à une surdose d’opioïde ont frôlé 2300 en 2022.

« Les conservateurs répandent la désinformation, la désinformation tue également les gens dans une crise sanitaire mortelle », a-t-il ajouté.

Le député conservateur Michael Barrett a immédiatement exigé des excuses, et le député néo-démocrate en a présenté après avoir insulté le chef conservateur Pierre Poilievre.