(Ottawa) Le SCRS n’est pas la seule agence à se lancer dans une chasse aux sources sur l’ingérence étrangère dans les élections : la GRC enquête aussi à ce sujet.

L’enquête déclenchée par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) concerne les « infractions commises sous la Loi sur la protection de l’information liées à de récents articles médiatiques », a déclaré lundi la caporale Kim Chamberland.

Elle n’est pas « centrée sur une agence [de renseignement] particulière, et puisque la GRC enquête sur ces incidents, aucun commentaire supplémentaire ne sera formulé à ce moment », a ajouté la porte-parole de la police fédérale dans un courriel.

La semaine passée, le directeur du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), David Vigneault, indiquait aux députés d’un comité de la Chambre des communes qui se penche sur l’enjeu de l’ingérence de la Chine dans les élections de 2019 et 2021 que le SCRS et des agences « partenaires » faisaient enquête.

Des dispositions de la Loi sur la protection de l’information érigent en infraction le fait de communiquer des renseignements secrets. Les employés d’agences comme le SCRS y sont assujettis ; et au cours des derniers mois, des documents du SCRS ont été cités dans des reportages du Globe and Mail et de Global News.

Les peines d’emprisonnement maximales découlant varient entre cinq ans moins un jour et 14 ans, selon la nature de l’infraction.

Les libéraux bombardés de questions

Dans la foulée des allégations publiées dans les deux médias anglophones sur la foi de sources a anonymes, le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre a adopté jeudi dernier une motion non contraignante pour exiger la tenue d’une enquête publique sur l’ingérence de Pékin.

Sans rejeter catégoriquement la requête, le lendemain, Justin Trudeau ne s’est pas non plus montré intéressé.

Le premier ministre n’était pas à la période des questions en Chambre, lundi, pour essuyer les tirs nourris des députés de l’opposition.

Après deux semaines de relâche parlementaire, et à l’aune des révélations qui ont défrayé la chronique tandis que les députés se trouvaient dans leur circonscription, l’ingérence étrangère a été au cœur des échanges.

« Savoir si le résultat des dernières élections aurait été le même n’est pas la question. À partir du moment où l’intégrité du processus démocratique est menacée, c’est notre responsabilité à tous en cette Chambre de nous porter à sa défense », a tonné le leader parlementaire du Bloc québécois, Alain Therrien.

« C’est la confiance de la population en notre système démocratique qui est en jeu ici », a-t-il insisté, réitérant l’exigence d’ouvrir une enquête publique.

Une entente fragilisée ?

En fin de semaine, celui qui assure la survie du gouvernement minoritaire libéral, le chef néo-démocrate Jagmeet Singh, a avancé dans une entrevue radiophonique au Roy Green Show qu’un refus d’obtempérer pourrait mettre en péril l’entente de soutien et de confiance conclue il y aura bientôt un an.

En conférence de presse au parlement, lundi, il a semblé vouloir tempérer.

« On ne va pas décider de ça aujourd’hui. Mais c’est clair qu’on veut une enquête », a-t-il dit.

Reprise des travaux du comité

Le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre reprend cette semaine ses travaux sur le dossier de l’ingérence chinoise dans le processus démocratique canadien.

Les conservateurs et les bloquistes tiennent mordicus à entendre le témoignage de Katie Telford, la cheffe de cabinet de Justin Trudeau. Ils reviendront à la charge à ce sujet lors d’une réunion qui doit avoir lieu mardi matin.

Jeudi, ce sera au tour du ministre Dominic LeBlanc de comparaître devant le même comité.