(Ottawa) Contrairement à ce qu’a avancé Justin Trudeau à propos des multiples intrusions d’objets volants non identifiés dans le ciel nord-américain, la ministre de la Défense nationale, Anita Anand, n’est pas prête à parler d’une « tendance ». Pendant ce temps, le NORAD annonce avoir intercepté des aéronefs russes dans une opération « routinière ».

La ministre a invoqué son côté rationnel en faisant cette affirmation mardi au micro des journalistes qui l’attendaient au siège de l’OTAN à Bruxelles, en Belgique.

« En termes de tendance [patterns], je suis personnellement réticente à faire une déclaration en ce sens au moment où on se parle. Il est encore très tôt ; nous n’avons pas encore récupéré les débris. Nous n’avons pas examiné les épaves », a-t-elle plaidé.

« Et je suis une personne qui aime traiter de faits. Je vais donc attendre qu’on me présente les faits à partir de l’analyse de débris avant de parler de tendance », a ajouté la ministre de la Défense, qui est réunie dans la capitale belge avec ses homologues de l’OTAN.

Si les discussions en viennent à ce dossier, elle vantera auprès des alliés l’efficacité du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD), qui se trouve à être le flanc ouest de l’OTAN, a noté la ministre.

La veille, le premier ministre Justin Trudeau avait, lui, évoqué une tendance, après que quatre objets volants de formes diverses ont été abattus en l’espace dans le ciel nord-américain, le plus récemment au-dessus du Yukon.

« À l’évidence, il y a une tendance [pattern] », a-t-il commenté.

Le major général Paul Prévost a argué après lui que l’apparition du premier ballon chinois avait changé la donne, et que des engins volants avaient pu antérieurement échapper à la détection. « On porte plus attention aux objets non identifiés », a-t-il exposé en séance d’information technique.

Rencontre sur l’Ukraine

La ministre Anand est à Bruxelles pour participer aux réunions du Groupe consultatif sur la défense de l’Ukraine et des ministres de la Défense de l’OTAN.

Elle en a profité pour annoncer que 25 instructeurs des Forces armées canadiennes avaient été déployés en Pologne pour former les troupes ukrainiennes aux chars Leopard 2, et confirmer que les quatre chars d’assaut promis par le Canada étaient arrivés à bon port.

Invitée à commenter la possibilité que des avions de chasse soient envoyés en renfort pour contrer l’offensive russe, tel que le réclame désormais le président ukrainien Volodymyr Zelensky, elle s’est contentée de plaider que le sujet « pourrait être discuté ».

« Le Canada est là pour l’Ukraine dans le court et le long terme », a-t-elle conclu avant de tourner les talons.

Mélanie Joly à Kyiv

Sa collègue ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a justement fait une visite surprise à Kyiv, où elle s’est entretenue avec le président Zelensky.

« J’apprécie beaucoup l’attitude chaleureuse de votre société envers les Ukrainiens, envers nos gens qui sont venus au Canada. Vous nous aidez non seulement sur le champ de bataille, mais aussi financièrement, dans le secteur de l’énergie », a dit le chef d’État à son invitée, selon un compte rendu officiel.

Le président Zelensky a profité de son entretien avec la cheffe de la diplomatie canadienne pour lui fournir une mise à jour « des besoins prioritaires des forces de défense de l’Ukraine », note-t-on également dans ce sommaire publié sur le site de la présidence ukrainienne.

Interception « de routine » d’aéronefs russes

Le NORAD a par ailleurs annoncé mardi avoir « détecté, suivi, identifié avec certitude et intercepté quatre aéronefs russes se trouvant dans la zone d’identification de défense aérienne de l’Alaska » la veille, dans une opération n’étant « pas perçue comme une menace ou une provocation ».

« Le NORAD avait anticipé cette activité russe et était prêt à effectuer cette interception planifiée », a déclaré le Commandement par voie de communiqué, en précisant que les appareils n’étaient à aucun moment entrés dans l’espace aérien du Canada ou des États-Unis.

Depuis 2007, le NORAD a effectué six ou sept interceptions d’aéronefs russes en moyenne chaque année.

Il n’y a « aucun lien » à établir entre cette opération et celles entourant les ballons qui ont fait des apparitions dans l’espace aérien nord-américain avant d’être pulvérisés, a-t-on affirmé.