(Ottawa) Le gouvernement fédéral continue de faire affaire avec McKinsey, malgré son rôle dans la crise des opioïdes. Pressée de questions par les conservateurs en comité parlementaire mercredi soir, la présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier, s’est abstenue de faire des commentaires sur l’intégrité de la firme de consultants.

« On a un régime d’intégrité qui existe depuis 2015, qui a été établi par l’ancien gouvernement et on suit ce régime d’intégrité », a répondu la ministre Fortier au député conservateur Pierre Paul-Hus, qui lui a demandé pourquoi le gouvernement continuait d’accorder des contrats à McKinsey en sachant que la firme avait joué un rôle dans la crise des opioïdes.

McKinsey a également versé près de 600 millions à 47 États américains pour avoir aidé des sociétés pharmaceutiques à stimuler la vente d’opioïdes.

La ministre a précisé que la firme n’est pas considérée comme un fournisseur inadmissible en vertu de ce régime d’intégrité parce qu’elle n’a pas été condamnée pour une infraction.

Le député conservateur Garnett Genuis lui a demandé à de multiples reprises si elle considérait que McKinsey était une entreprise éthique, mais la ministre a refusé de donner quelque évaluation que ce soit du cabinet-conseil et s’en est remise à la politique d’intégrité à laquelle il est soumis lorsqu’il fait affaire avec le gouvernement fédéral.

Les élus tentent de faire la lumière sur la centaine de millions de dollars en contrats accordés au cabinet-conseil depuis l’élection du gouvernement de Justin Trudeau en 2015. Le gouvernement a lancé une vaste révision de ces contrats. La ministre Fortier a indiqué que le rapport serait prêt le 30 juin, lors de son témoignage au Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de la Chambre des communes.

En tout, 34 contrats d’une valeur totale de 116,8 millions ont été accordés à la firme par divers ministères et agences. Le ministère des Services publics et de l’Approvisionnement en a accordé 24 pour une valeur totalisant 104,6 millions. Le reste a été donné par d’autres ministères ou agences.

La Banque de développement du Canada en fait partie. Elle a donné un premier contrat de 2,8 millions en 2021, suivi d’une prolongation de 2,1 millions pour une planification stratégique.

Sa présidente-directrice générale, Isabelle Hudon, qui a mis en œuvre l’exercice, a indiqué qu’ils avaient voulu « se projeter dans l’avenir » et voir comment ils pouvaient mieux aider les petites et moyennes entreprises touchées par la pandémie.

« Sachant qu’on sortait d’une pandémie et que l’environnement avait complètement changé, on voulait et on tenait et on tient toujours aujourd’hui à être cette banque de développement hautement performante », a-t-elle dit.

Elle n’a pas expliqué une dépense de 8000 $ pour que son chauffeur l’accompagne en Colombie-Britannique, sauf pour dire que cette décision avait été prise à l’époque « pour une raison spécifique » et qu’elle espérait qu’une telle décision n’aurait pas à être prise à nouveau et que d’autres options seraient trouvées.

« Je vous réitère que ç’a été des mesures pour des mesures exceptionnelles pour des circonstances exceptionnelles », a-t-elle affirmé en mêlée de presse sans offrir plus de détails.