(Québec) François Legault veut remettre les pendules à l’heure. Après des jours à lire et à encaisser des critiques face à sa stratégie énergétique, il trouve « injustes » les commentaires qui laissent entendre que son gouvernement travaille à donner de l’électricité au rabais à des entreprises énergivores.

Dans un point de presse en marge de la réunion du Conseil des ministres à Québec, M. Legault a détaillé les conditions que rempliront les entreprises qui obtiendront un « rabais » sur l’électricité qui leur est fourni par Hydro-Québec.

« Jamais on ne va donner un rabais sur le prix de l’électricité sans s’assurer que les revenus additionnels pour le gouvernement du Québec soient supérieurs à ce rabais-là », a promis le premier ministre.

Pour illustrer son propos, M. Legault a cité la filière batterie dans la municipalité de Bécancour, dans le Centre-du-Québec. Cette industrie représente des emplois « qui vont être [payés] à 100 000 $ par année », a-t-il dit.

« C’est certain que si on a des emplois à 100 000 $ par année qui remplacent d’autres emplois à 50 000 $ par année, ça amène des revenus additionnels au gouvernement du Québec », a dit M. Legault.

« Nous, notre job, c’est de s’assurer, dans chaque contrat qui est signé, que les revenus additionnels pour les Québécois excèdent le rabais qui serait donné sur le coût marginal », a-t-il ajouté.

Objectif 2050

Plus d’une semaine après l’annonce du départ, plus tard au printemps, de la PDG d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, François Legault a réitéré que le gouvernement devait travailler avec les entreprises afin d’atteindre son objectif de décarboner l’économie de la province d’ici 2050.

« Quand on regarde les entreprises industrielles, ça représente 30 % des GES [gaz à effet de serre] au Québec. C’est le deuxième groupe qui pollue le plus après les transports, qui sont à 43 %. […] Qu’est-ce qu’il faut faire ? Pour le bien des Québécois, pour le bien de la planète, il faut remplacer les énergies polluantes qui sont utilisées par ces entreprises-là, les remplacer par des énergies propres, essentiellement par de l’électricité », a-t-il dit.

M. Legault a une fois de plus cité l’écart de richesse du Québec face à ses voisins, notamment l’Ontario, mais aussi les États-Unis. « Enrichir la société, ce n’est pas une fin en soi, mais c’est un moyen pour se donner une meilleure qualité de vie », a martelé le premier ministre.

Selon lui, de nouvelles filières économiques – particulièrement les secteurs des batteries, ou bien l’aluminium vert et l’acier vert, produits avec l’hydroélectricité – permettront à des entreprises établies au Québec de produire des produits qui seront intégrés ensuite « dans d’autres produits un peu partout dans le monde ».

Des barrages pour négocier 

François Legault a également ajouté mercredi un nouvel argument pour justifier la construction de nouveaux barrages hydroélectriques. En conférence de presse, le premier ministre a rappelé que le Québec négociera avec le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador le contrat d’électricité de Churchill Falls, avantageux pour le Québec, mais qui prend fin en 2041.

« Je ne veux pas me retrouver sans plan B dans ma poche et être obligé d’accepter n’importe quel tarif que [le premier ministre] Andrew Furey me proposera », a dit M. Legault.

« Si on veut être dans une bonne posture de négociation avec Terre-Neuve, nous devons avoir un plan pour Churchill Falls, et ça veut dire de nouveaux barrages. C’est important de comprendre que nous ne pourrons pas bien répondre à tous nos besoins [énergétiques] uniquement avec l’éolien, le solaire ou toute autre énergie intermittente », a-t-il ajouté.