(Ottawa) Le Canada gèlera et essaiera ensuite de liquider près de 36 millions en dollars canadiens de la société Granite Capital Holdings, « détenue ou contrôlée » par l’oligarque russe Roman Abramovitch.

Ce serait la première fois que le gouvernement canadien utiliserait ces nouveaux pouvoirs qu’il s’est attribués en donnant plus de muscle au Règlement sur les mesures économiques spéciales visant la Russie. Il aura fallu attendre plusieurs mois avant d’en voir un exemple concret, la disposition étant entrée en vigueur en juin.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, devra présenter une demande au tribunal pour confisquer ces actifs au profit de la Couronne. Si elle a gain de cause, les recettes découlant de leur liquidation seraient utilisées pour financer la reconstruction de l’Ukraine et indemniser des victimes de l’invasion de la Russie.

« Depuis que le président [Vladimir] Poutine a décidé d’envahir l’Ukraine, on a toujours dit que lui et ses complices allaient être tenus responsables de leurs actes », a exposé la ministre Joly en marge d’un discours prononcé à l’invitation du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), lundi.

Les autorités canadiennes ont dans le viseur « un compte de 26 millions de dollars américains qui contient des dividendes liés à Roman Abramovitch », a-t-elle enchaîné en mêlée de presse. Pourquoi lui, et pourquoi avoir tant tardé à agir ? « La GRC a maintenant le pouvoir de procéder », a justifié Mme Joly.

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Roman Abramovitch

Le gouvernement Trudeau s’est doté du pouvoir de bloquer et de confisquer des biens et actifs des individus et entités sanctionnés grâce à des dispositions contenues dans le budget fédéral de la ministre des Finances et vice-première ministre, Chrystia Freeland, en avril dernier.

Cette dernière a déclaré lundi par voie de communiqué que « les élites de la Russie » payaient le prix de « leur soutien au régime brutal de Poutine », et qu’il était « juste et approprié que les actifs russes soient utilisés pour aider à la reconstruction de l’Ukraine ».

Le Canada a été le premier pays du G7 à adopter ce type de mesure.

Le geste du gouvernement ravit la sénatrice indépendante Ratna Omidvar, qui avait mis de l’avant la proposition par l’entremise de son projet de loi sénatorial S-217. Car il « est temps de faire payer » les élites russes pour leur complicité dans l’invasion, a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Proche de Vladimir Poutine, le milliardaire russe Roman Abramovitch figure sur la liste des personnes sanctionnées par Ottawa.

Ex-propriétaire du club de football Chelsea, il avait décidé de vendre l’équipe en mars dernier, étant visé par des sanctions de Londres. Le club sportif a été vendu 4 milliards de dollars américains, une somme record, en mai dernier.

La société Granite Capital Holdings n’a pas réagi à l’annonce du gouvernement canadien, lundi.