(Ottawa) L’UPA, dont les membres ont fait les frais des sanctions imposées par le Canada sur les engrais russes et biélorusses, approuve la décision de la vice-première ministre Chrystia Freeland de verser 115 millions générés par les tarifs pour réparer le réseau électrique de Kyiv. Mais les producteurs agricoles veulent eux aussi de l’aide, et bientôt.

Imposer ces tarifs douaniers et ainsi traiter la Russie sur le même pied que la Corée du Nord en matière de commerce international est « entièrement approprié », a soutenu jeudi Chrystia Freeland, de retour de Paris, où elle participait à la conférence Solidaires du peuple ukrainien.

« Nous savons que certains agriculteurs canadiens […] ont été affectés, et nous croyons qu’il est très approprié d’avoir une discussion et de faire un effort pour les appuyer […], car ils ont une dépendance historique [à ces produits] et ce n’est pas leur faute », a-t-elle enchaîné.

Des tarifs coûteux

C’est le cas de l’Union des producteurs agricoles (UPA), où les tarifs de 35 % ont fait mal en 2022 – leur coûtant 33 millions de dollars de plus, selon les estimations, dit le président général du syndicat, Martin Caron. « Il faut un programme pour nous soutenir, car nous sommes le seul endroit en Amérique qui avait cet impact », explique-t-il en entrevue.

De 85 % à 90 % de l’engrais azoté utilisé par les producteurs du Québec, de l’Ontario et des provinces de l’Atlantique vient de la Russie. Ce n’est pas le cas aux États-Unis ou dans l’Ouest canadien. L’UPA a donc « des attentes pour le budget fédéral » qui sera présenté au printemps prochain.

Celle qui le signera assure qu’Ottawa est sensible à la cause. « La volonté existe de notre côté. La porte est ouverte, absolument », a indiqué la ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, qui devrait commencer sa tournée de consultations prébudgétaires dans les premières semaines de 2023.

Et du côté de l’UPA, on est sensible à la cause ukrainienne. « On est solidaires depuis le début du conflit avec les producteurs de l’Ukraine et avec les gens de l’Ukraine. On était entièrement d’accord pour les soutenir, peu importe les sources de financement », lance le président général Martin Caron au téléphone.

« Moi, je suis très à l’aise avec ça. Mais oui, on vit un impact. Ajoutons à cela l’inflation et tout le reste… », enchaîne-t-il.

« Aider les agriculteurs »

En attendant le budget printanier, l’aide financière que fournit Ottawa à Kyiv « aidera l’Ukraine à sécuriser son infrastructure énergétique et à traverser le difficile hiver à venir », a fait valoir mardi par voie de communiqué la ministre Freeland.

Sa collègue à l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, est évidemment impliquée dans le dossier des tarifs. « Je travaille avec mon équipe pour voir s’il y a d’autres façons d’aider les agriculteurs », a affirmé celle-ci, mardi, ajoutant que les fournisseurs « trouvaient des sources alternatives » aux engrais qui font l’objet de tarifs.