(Ottawa) Le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, a accusé jeudi Facebook d’avoir à nouveau tenté d’intimider les Canadiens en ayant réitéré la veille sa menace de retirer les nouvelles de sa plateforme à la suite de l’adoption du projet de loi C-18 par la Chambre des communes.

« Les Canadiens n’aiment pas ça se faire intimider. Moi, si j’étais Facebook, je changerais de stratégie. Ça ne passera pas aux yeux des Canadiens », a déclaré M. Rodriguez à son arrivée à la réunion hebdomadaire du conseil des ministres.

Dans une déclaration écrite transmise immédiatement après l’adoption de C-18 en troisième lecture, Meta, l’entreprise qui possède Facebook, affirmait qu’elle veut éviter de se « soumettre à des négociations imposées par le gouvernement qui ne tiennent pas suffisamment compte de la valeur que nous offrons aux éditeurs ».

La pièce législative proposée par les libéraux de Justin Trudeau vise à forcer les plateformes numériques – principalement Google et Facebook – à conclure des ententes d’indemnisation équitables avec les entreprises de presse pour le partage de leurs contenus journalistiques.

« C-18, en bout de ligne, c’est pour garantir une presse qui soit libre, indépendante, forte. C’est ça le but de C-18. Les nouvelles ont une valeur. Votre travail a une valeur. Et les géants du web doivent reconnaître ça », a plaidé le ministre Rodriguez.

Ce projet de loi cheminera vers la Chambre haute et Meta souhaite maintenant faire pression sur les sénateurs.

Ce n’est pas la première fois que Pablo Rodriguez dégaine un tel reproche. Au début du mois d'octobre, il avait également affirmé que Google et YouTube se comportent comme des intimidateurs en publiant un billet de blogue pour s’en prendre à un autre de ses projets de loi, C-11, qui vise à réglementer les plateformes de diffusion en continu.

La semaine dernière, M. Rodriguez s’était impatienté face au temps pris par le Sénat pour conclure son étude du projet de loi C-11, alors qu’un comité de sénateurs vient d’adopter des amendements majeurs. Ses critiques s’ajoutaient à celles du Bloc québécois et du Nouveau Parti démocratique (NPD).

Plusieurs conservateurs, de même que des créateurs de contenu, ont soutenu à maintes reprises qu’ils craignent que des utilisateurs de ces plateformes soient limités ou brimés dans ce qu’ils peuvent y partager.

Selon le ministre, le projet de loi sur les nouvelles en ligne ne devrait pas connaître autant d’embûches au Sénat que celui sur les plateformes de diffusion en continu.

« J’espère que non, mais je pense que non. Et la bonne nouvelle, c’est que C-11 a passé l’étape du rapport au Sénat et devrait idéalement revenir en chambre en début d’année », a-t-il déclaré jeudi.

La Chambre des communes a ajourné mercredi ses travaux pour la pause des Fêtes et devrait les reprendre le lundi 30 janvier.