La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, reconnaît que le manque à gagner dans les finances des sociétés de transport collectif – qui risque d’atteindre les 900 millions d’ici cinq ans – appelle à un changement des pratiques. Sans s’engager à mener une refonte du financement, elle avoue toutefois que le modèle actuel devra changer.

« Effectivement, à long terme, on ne peut pas fonctionner comme ça d’année en année avec des aides d’urgence à la dernière minute. Je pense qu’il faut avoir une réflexion sereine et intelligente là-dessus. Je pense que chacun doit faire sa part aussi, quand on parle de certaines décisions qui sont prises », a-t-elle plaidé lundi, lors d’une conférence de presse portant sur le lancement des travaux d’agrandissement au garage de la Société de transport de Laval (STL).

La semaine dernière, La Presse révélait que le manque à gagner causé par la pandémie dans les finances des sociétés de transport en commun risque d’atteindre les 900 millions d’ici cinq ans. « On n’a plus le choix : il faut trouver des solutions. Ça prend un cadre financier solide pour les cinq prochaines années », a tonné le président de l’Association du transport urbain du Québec (ATUQ), Marc Denault.

En priorité, on a besoin de beaucoup plus d’argent pour maintenir nos autobus sur la route. C’est la fréquence qui joue le plus pour les usagers. Il y a une occasion d’agir de façon concrète.

Marc Denault, président de l’ATUQ

Cet organisme, qui représente la quasi-totalité des sociétés de transport au Québec, évalue à 560 millions le trou budgétaire des sociétés de transport l’an prochain. Si rien n’est fait, ce chiffre bondira à 650 millions en 2024. Puis, le trou budgétaire atteindrait 800 millions en 2025, 860 millions en 2026 et 900 millions en 2027.

En conférence lundi, le maire de Laval Stéphane Boyer a d’ailleurs clairement évoqué que « le transport en commun vit des moments difficiles ». « On a défis de financement des couts d’opération. C’est un défi qu’on doit relever, qu’on a le devoir de relever », a-t-il dit, appelant à « repenser la façon dont on développe » les villes. Lors de son allocution, M. Boyer a aussi évoqué l’urgence de « trouver des façons pour mieux déplacer les gens avec l’infrastructure existante ».

En privé d’abord

La ministre Guilbault plaide toutefois que les discussions pour trouver des solutions à la problématique doivent d’abord avoir lieu « en privé ».

« On ne peut pas être en catastrophe à chaque fin d’année quand les municipalités déposent leur budget, que chacun aille dans les médias pour dire qu’ils manquent d’argent, que moi, de mon côté, je réponde dans les médias. Il faut à un moment donné prendre le problème à bras le corps et le réfléchir ensemble », a-t-elle soutenu, en soutenant que le gouvernement et son équipe sont « très conscients du problème ».

Mme Guilbault doit justement rencontrer des représentants de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) ce lundi. Le financement du transport collectif « fera partie des discussions », a-t-elle précisé. Sur Twitter, lundi, l’organisation a dit voir l’ouverture de la ministre comme une « bonne nouvelle ».

« On doit travailler avec les grandes villes. […] C’est sûr que la pandémie a eu des contrecoups. C’est en train de revenir, mais ce n’est pas revenu partout. Il y a des endroits où c’est plus rapide que d’autres », a aussi fait valoir la ministre, rappelant que Québec a déjà offert 1,4 milliard en aides d’urgence aux sociétés de transport durant la pandémie.

« Il faut quand même rappeler aussi que c’est de la gestion municipale. Ce n’est pas à moi de venir dire à un maire comment gérer sa société de transport, encore moins un directeur de société de transport comment gérer sa convention collective », a-t-elle conclu à ce sujet.