(Québec) Le gouvernement Legault parle des deux côtés de la bouche en vantant ses actions environnementales tout en rasant un boisé centenaire pour construire une maison des aînés à Granby, déplore le chef parlementaire de Québec solidaire.

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois accuse le gouvernement Legault d’être « incohérent » alors que d’un côté, il annonce des investissements de 650 millions pour son « Plan Nature » et de l’autre, il laisse un boisé centenaire être détruit pour la construction d’une maison des aînés.

« On peut aller vite et bien faire les choses. Que ce soit une maison des aînés ou une école, je veux dire, la protection de la biodiversité, c’est important. On est en pleine COP15… Le gouvernement, il en fait pas mal des chantiers, au Québec, il me semble que la moindre des choses serait que quand le gouvernement construit, qu’il donne l’exemple », a déploré M. Nadeau-Dubois vendredi.

Ce qu’on voit, c’est un gouvernement qui envoie des communiqués de presse, qui fait de beaux discours sur la protection du territoire, mais, quand vient le temps de lancer des chantiers dans sa juridiction, passe par-dessus des boisés. C’est incohérent, c’est incohérent.

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire

La Presse rapportait vendredi qu’un boisé a été rasé pour construire une maison des aînés à Granby, malgré que la Société québécoise des infrastructures (SQI) s’engageait à « conserver une bande d’arbres de 5 mètres » autour du projet. La Ville de Granby a indiqué avoir exigé par dérogation la préservation de cette bande. Mais on reconnaît que « l’entrepreneur n’a pas respecté la délimitation », car une clause le lui permettait.

(Re)lisez « Nouvelle maison des aînés à Granby « On a arraché un poumon à la ville » »

La ministre déléguée à la Santé et aux Aînés, Sonia Bélanger, qui est responsable du dossier des maisons des aînés, a refusé de prendre les questions des journalistes, vendredi, à l’Assemblée nationale.

Sa collègue aux Affaires municipales, Andrée Laforest, a soutenu de son côté que la priorité est les aînés. « Ce sont des ententes avec le CIUSSS, les CISSS et les municipalités. Les schémas d’aménagement sont adoptés avec les municipalités avec des plans d’urbanisme, mais maintenant, la priorité, c’est ça. Il faut penser à nos aînés, donc nos maisons des aînés sont importantes », a-t-elle fait valoir.

Pour les libéraux, la situation démontre une fois de plus que le gouvernement fait « fausse route » avec son projet de maisons des aînés.

« Ces centaines de millions là investis, et c’est notre position, auraient dû être investies dès maintenant pour faire en sorte de répondre, entre autres, aux 18 000 aînés qui sont en attente de soins à domicile, les 4631 aînés qui sont en attente d’une place en CHSLD. Tout ça pour vous dire que c’est malheureux, et là on a vu, bon, que le boisé aura été mis en péril », a soutenu le chef intérimaire Marc Tanguay.

Promesse phare du gouvernement Legault, la construction de 46 maisons des aînés, qui doit créer 3054 nouvelles places d’hébergement a connu plusieurs écueils. La facture initiale de 1 milliard a grimpé à 2,79 milliards notamment en raison de la surchauffe dans l’industrie de la construction. La livraison de 31 des 33 maisons prévues à l’automne a par ailleurs été reportée à 2023.

Le modèle a aussi été remis en doute par Vérificatrice générale et différents experts en raison de leur coût élevé et la demande croissante d’hébergement des aînés, dans le contexte du vieillissement de la population.

Au 1er janvier, 3849 Québécois étaient en attente d’une place en hébergement. Ce nombre continue de croître et atteint maintenant 4556.