(Ottawa) Une mission dirigée par l’ambassadeur du Canada auprès des Nations unies, Bob Rae, est en Haïti jusqu’à vendredi avec l’espoir d’ouvrir la voie à des élections démocratiques dans le pays en crise.

La mission diplomatique canadienne a pour but de « favoriser une plus grande unité entre les principaux intervenants en faveur d’une voie et d’un processus politique pour des élections démocratiques », a-t-on signalé mardi dans un communiqué gouvernemental.

L’envoi d’une mission pilotée par Bob Rae, qui s’est amorcée mercredi, est « un autre exemple de l’appui du Canada aux solutions proposées par les Haïtiens à la violence qui sévit dans le pays », a fait valoir la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, dans la même déclaration écrite.

Le premier ministre Ariel Henry est en poste de façon intérimaire en Haïti depuis le mois de juillet 2021. Le président Jovenel Moïse l’avait désigné deux jours avant d’être assassiné, le 7 juillet 2021. Sans aller jusqu’à désavouer le dirigeant, le gouvernement canadien estime que le statu quo ne peut durer.

Le Canada a commencé à frapper de sanctions des personnages de premier plan qui contribuent à maintenir le pays dans le chaos, dont l’ex-président Michel Martelly, les anciens premiers ministres Laurent Lamothe et Jean-Henry Céant ainsi que le chef de gang Jimmy Cherizier, alias « Barbecue ».

Le gouvernement haïtien souhaiterait une intervention militaire internationale dans le pays pris en otage par des gangs qui sèment la terreur. Les États-Unis voient le Canada comme un potentiel joueur de premier plan dans une possible force d’intervention internationale.

Le premier ministre Justin Trudeau a cependant indiqué que le Canada n’interviendrait pas militairement en Haïti, à moins que tous les partis politiques de ce pays ne l’approuvent. Jusqu’à présent, Ottawa a imposé des sanctions, envoyé du matériel militaire et fourni plusieurs millions de dollars en aide humanitaire.

Une équipe d’Affaires mondiales Canada s’était déjà rendue en Haïti pour évaluer la situation sur le terrain.

Il ne semble pas prévu, du moins pas pour le moment, que la ministre Joly effectue un déplacement en Haïti, selon ce que la principale concernée affirmait il y a environ deux semaines dans une entrevue éditoriale avec La Presse.

Les gangs et la violence sexuelle

Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté le 21 octobre dernier un régime de sanctions visant Haïti, lequel cible notamment les individus qui se livrent à des activités criminelles ou qui les soutiennent, au recrutement forcé d’enfants, à la traite des personnes et aux violences sexuelles.

La violence sexuelle est « une arme utilisée par les gangs pour répandre la peur » à Port-au-Prince, la capitale haïtienne, titre un rapport publié le 14 octobre dernier par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.

« Des enfants âgés d’à peine 10 ans et des femmes âgées ont été soumis à des viols collectifs pendant des heures devant leurs parents ou leurs enfants, par plus d’une demi-douzaine d’éléments armés lors d’attaques contre leurs quartiers », y lit-on.