(Ottawa) Le gouvernement fédéral ne verrouillera pas les portes de la COP15 de Montréal à une délégation russe, même s’il cherche à isoler Moscou sur la scène internationale.

« En tant que réunion des Nations unies, la COP15 est ouverte à tous les États membres des Nations unies », a-t-on signalé au cabinet du ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault.

« Conformément au règlement intérieur, le secrétariat de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique a invité toutes les parties à soumettre leurs représentants désignés par le biais d’une lettre officielle », a-t-on ajouté.

L’opposition conservatrice ne s’oppose pas à une présence russe.

« C’est un évènement des Nations unies, et nous n’avons pas appelé à l’expulsion de la Russie de cette organisation », expose le porte-parole en matière d’affaires étrangères, Michael Chong.

Du même souffle, il exhorte néanmoins le gouvernement à rester sur ses gardes.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Michael Chong, porte-parole conservateur en matière d’affaires étrangères

Il faut restreindre au maximum la participation de la Russie, en limitant le nombre de délégués russes qui participent à cette rencontre, et procéder à un filtrage de sécurité serré pour s’assurer qu’aucun espion n’entre au Canada.

Michael Chong, porte-parole conservateur en matière d’affaires étrangères

Son collègue du Bloc québécois, Stéphane Bergeron, argue qu’il n’est pas « approprié d’accueillir des officiels du gouvernement russe à Montréal », en apportant cependant un bémol.

« Si des membres de la société civile russe ou des ONG russes souhaitent participer aux travaux, nous devons les laisser prendre part aux débats et discussions importantes qui concernent la sauvegarde de la biodiversité de notre planète », affirme-t-il.

La ligne dure

Du côté du Nouveau Parti démocratique (NPD) et du Congrès des Ukrainiens Canadiens (CUC), on voudrait déclarer les Russes persona non grata dans la métropole.

« Les crimes de guerre commis par les forces russes dans la guerre génocidaire de Poutine et leur refus de rendre des comptes ont démontré que le régime russe a abandonné tout intérêt à travailler de bonne foi avec les autres nations et ne devrait pas être accueilli à la COP15 », a tranché la députée du NPD Heather McPherson.

Sans surprise, le CUC, qui a appelé le gouvernement Trudeau à interdire d’entrée tout citoyen russe, tant pour les voyages de tourisme que les voyages d’affaires, est du même avis.

« Le régime russe devrait être isolé de la communauté internationale ; le Canada n’a pas besoin, et ne devrait pas permettre aux diplomates russes d’assister à la COP15 ou à tout autre évènement international qui se déroule dans notre pays », tranche Orest Zakydalsky, conseiller principal des politiques du CUC.

Deuxième évènement onusien avec Moscou

La 15e Conférence des parties (COP15), qui aura lieu au Palais des congrès de Montréal, sera le deuxième rendez-vous onusien à se tenir dans la métropole depuis le sommet de l’OACI, en septembre dernier.

Il y avait là une délégation de la Russie. Moscou briguait un nouveau mandat au sein du Conseil exécutif. Ce fut un échec.

Cette fois, la Russie, le pays le plus vaste au monde, sera là pour parler de biodiversité.

La conférence sur la diversité biologique aura lieu du 7 au 19 décembre à Montréal.