(Djerba, Québec) François Legault défend le programme de subvention critiqué par le Protecteur du citoyen en affirmant que certains programmes doivent pouvoir sortir des « cases » de la bureaucratie, mais reconnaît qu’il faut toutefois faire preuve de transparence.

« Pour ce que j’en connais, ce n’est pas un système de favoritisme, c’est un système où c’est peut-être plus difficile d’encadrer les financements », a affirmé le premier ministre en marge d’un point de presse dans le cadre du Sommet de la Francophonie, qui se tient à Djerba, en Tunisie.

« Si demain matin, le Club des petits déjeuners vient vous dire, j’aurais besoin d’argent pour que les enfants mangent dans les écoles primaires, bon, est-ce que ce doit être traité de la même manière qu’une autre demande ? Il faut laisser la place au jugement et surtout, surtout il faut être transparent », a-t-il ajouté.

La veille, le Protecteur du citoyen a affirmé dans un rapport d’enquête que le cabinet politique du ministère de l’Éducation est accusé de « manquements graves » et de traitement de faveur dans sa gestion d’un programme de subventions. La plainte a été faite en février 2018, alors que le gouvernement Couillard était au pouvoir, mais le problème n’a été corrigé qu’en avril 2022.

L’enquête a révélé une proximité entre certains organismes subventionnés et le cabinet politique du ministère de l’Éducation. Le protecteur affirme que le pouvoir discrétionnaire d’accorder une subvention a été exercé de façon inéquitable.

Traitement de faveur

« Dans plusieurs situations, des organismes ont véritablement bénéficié d’un traitement de faveur », note-t-on dans le document. Vendredi, le protecteur du citoyen Marc-André Dowd a précisé dans un communiqué de presse « bien que la divulgation ait été reçue en février 2018, l’enquête s’est échelonnée sur plusieurs années, et ce, jusqu’en novembre 2021 ». Il a également affirmé que « notre conclusion d’acte répréhensible vise le ministère de l’Éducation et non des personnes en particulier ».

Le premier ministre François Legault rétorque toutefois que parfois, il faut agir rapidement et se servir « de notre jugement ».

« L’idée ce n’est pas de favoriser un ou l’autre, on est en train d’aider des enfants qui ne mangent pas à leur faim, via Allo Profs, des enfants qui ont des difficultés d’apprentissage, d’aider des enfants dans des communautés autochtones.

Est-ce que c’est toujours possible de dire… On reproche souvent au gouvernement d’être trop bureaucrate, de dire si ça ne fitte pas dans la case, bien c’est de valeur, mais on ne peut pas t’aider. Est-ce qu’on peut se servir de notre jugement tout en étant 100 % transparents », a-t-il lancé.

Il a donc demandé au nouveau ministre de l’Éducation Bernard Drainville de rendre public l’ensemble des montants qui sont donnés en subvention. De son côté, le protecteur du citoyen a envoyé au ministère neuf recommandations. Il affirme que le ministère a « produit un plan d’action d’envergure » et que la moitié des recommandations ont été implantées.