(Ottawa) Les travaux de la Commission sur l’état d’urgence ont été interrompus quelques heures mercredi après que l’un de ses avocats eu subi un malaise. Gabriel Poliquin questionnait alors le sous-solliciteur général de l’Ontario, Mario Di Tommaso, lorsqu’il s’est subitement effondré. Des ambulanciers ont été dépêchés sur les lieux et l’ont transporté à l’hôpital. Il était conscient à leur arrivée.

Les travaux ont repris à 15 h avec le témoignage d’Ian Freeman, qui était sous-ministre adjoint du ministère des Transports de l’Ontario lors du « convoi de la liberté » qui a paralysé le centre-ville d’Ottawa durant trois semaines l’hiver dernier. Le témoignage de M. Di Tomaso est reporté.

Ces deux hauts fonctionnaires risquent d’apporter un nouvel éclairage sur la réponse du gouvernement de l’Ontario lors de la crise. L’inaction du premier ministre Doug Ford face à la situation à Ottawa avait été soulevée lors du témoignage du maire Jim Watson, lors des premiers jours de l’enquête publique. Le premier ministre ontarien avait même refusé de participer à une table tripartie fédérale-provinciale-municipale. Il considérait alors qu’il s’agissait d’une crise qui devait être gérée par la police.

Un compte-rendu d’une conversation entre lui et le premier ministre Justin Trudeau déposé en preuve mardi révèle que M. Ford était davantage préoccupé par l’impact économique du blocage du pont Ambassador à Windsor.

L’état d’urgence peu utile en Alberta

Le maire du village agricole de Coutts, en Alberta, Jim Willett, avait indiqué lors de son témoignage mercredi avant-midi que la Loi sur les mesures d’urgence avait été peu utile pour dégager les manifestants qui bloquaient le passage vers la frontière canado-américaine.

Un convoi de poids lourds a bloqué l’autoroute menant au poste frontalier de ce village du 29 janvier au 15 février, soit une journée après le recours du gouvernement fédéral à la Loi sur les mesures d’urgence pour mettre fin au « convoi de la liberté » à Ottawa et aux blocages de postes frontaliers à plusieurs endroits au pays.

PHOTO JUSTIN TANG, LA PRESSE CANADIENNE

Jim Willett

« Mon sentiment est que les actions du gouvernement fédéral ont eu peu à voir avec la fin du blocage, a affirmé le maire Willett. Je crois que c’était dû à l’opération policière, le fait qu’ils aient découvert des éléments indésirables. »

« C’était un raid avec des véhicules de l’escouade tactique, a-t-il ajouté. Nous avions des hôpitaux de fortune aménagés dans la caserne de pompiers, alors c’était très sérieux. »

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) avait procédé le 14 février à une importante saisie d’armes à feu entreposées dans des semi-remorques et à 13 arrestations. Elle avait confisqué 13 armes d’épaule, des armes de poing, plusieurs ensembles de gilets pare-balles, une machette, une grande quantité de munitions ainsi que des chargeurs de grande capacité.

Les manifestants qui s’opposaient aux mesures sanitaires et à l’obligation vaccinale pour les camionneurs ont par la suite commencé à évacuer les lieux. La frontière a ainsi été rouverte à la circulation le lendemain.

La Commission sur l’état d’urgence menée par le juge franco-ontarien Paul Rouleau doit déterminer si le recours historique à la Loi sur les mesures d’urgence par le gouvernement fédéral était justifié pour mettre fin au « convoi de la liberté » à Ottawa et aux blocages de postes frontaliers ailleurs au pays. Le gouvernement avait ainsi accordé des pouvoirs extraordinaires aux corps policiers et aux institutions financières.