Une poignée de manifestants opposés à l’intervention militaire en Haïti ont accueilli au Marché Jean-Talon le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, en visite à Montréal vendredi.

Ils ont été déplacés par les policiers, présents en très grand nombre pour l’évènement, mais certains sont entrés dans le Marché, où ils ont réclamé le départ du secrétaire d’État Blinken à grands cris. Ils brandissaient des pancartes accusant notamment les États-Unis d’être un « État terroriste ».

M. Blinken a visité Montréal en compagnie de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly. Au Marché, ceux-ci se sont entretenus avec des travailleuses des Filles Fattoush, une entreprise de traiteur offrant une première opportunité de travail à des femmes réfugiées syriennes. Les travailleuses ont raconté leur parcours d’intégration dans une conversation principalement en français, le secrétaire d’État étant à l’aise dans la langue de Molière.

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Un imposant service de sécurité accompagnait le secrétaire d’État.

Un premier arrêt a eu lieu plus tôt dans une usine de recyclage du lithium à Anjou. La Stratégie canadienne sur les minéraux critiques prévoit une forte augmentation de la demande pour cette matière, utilisée notamment dans les batteries de téléphones cellulaires et de véhicules électriques.

La dernière étape du parcours ouvert aux médias a eu lieu à la Biosphère, un musée sur l’environnement situé dans l’ancien pavillon américain de l’Expo 67, sur l’île Sainte-Hélène. M. Blinken et Mme Joly se sont entretenus avec la stratège et chroniqueuse Martine St-Victor avant de répondre à quelques questions d’étudiantes de l’Université de Montréal.

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Mélanie Joly et Antony Blinken lors de leur passage dans une usine de recyclage du lithium à Anjou.

Les deux diplomates ont partagé les grandes lignes d’une vision commune de la voie à suivre pour répondre aux défis de l’actualité, allant de la crise humanitaire et politique en Haïti jusqu’à l’érosion de l’ordre libéral mondial en passant par la lutte contre les changements climatiques.

Reconnaissant que le monde a changé depuis la création de l’ONU, M. Blinken a appelé à une réforme du conseil de sécurité impliquant une meilleure représentation de l’Afrique et de l’Asie, par exemple.

Il s’est également dit « réaliste, mais optimiste » sur la question du climat, citant les prouesses technologiques de Recyclage Lithion dont il a été témoin en matinée. La ministre Joly a souligné le travail accompli et à venir à la veille de la COP 15 sur la biodiversité, dont Montréal sera l’hôte en décembre, et de la COP 27, une conférence sur le climat qui aura lieu en Égypte en novembre. « Il faut que ce soit un succès », a-t-elle dit.

Ils ont tous deux défendu l’importance « d’aider » Haïti en partenariat avec les acteurs locaux et la communauté internationale, sans « imposer » d’intervention. Jeudi à Ottawa, où s’est d’abord rendu M. Blinken pour sa première visite officielle au pays en tant que secrétaire d’État, Haïti était l’un des principaux sujets à l’ordre du jour.

Au terme de cette rencontre, Mme Joly a affirmé que le Canada, qui fait l’objet de pressions de la part des États-Unis pour diriger une possible force d’intervention internationale en Haïti, juge important avant toute chose de faire « une bonne évaluation de la situation sur le terrain ».

À ses côtés, le secrétaire d’État Blinken a soutenu que la situation est « insoutenable » en Haïti et il a salué le « leadership du Canada » pour obtenir un front commun aux Nations unies afin de renforcer la sécurité des citoyens.

Avec La Presse Canadienne