(Ottawa) Le président de la Chambre des communes, Anthony Rota, veut faire disparaître l’expression « Justinflation » du journal des débats.

Depuis quelques jours, l’arbitre des échanges entre députés a commencé à distribuer des rappels à l’ordre aux élus conservateurs qui emploient ce mot-valise popularisé par leur chef, Pierre Poilievre, il y a de cela plusieurs mois.

« Je vais devoir interrompre le député […] Le député a utilisé un jeu de mots qui fait indirectement ce qui ne peut être fait directement. Je lui demande donc de reprendre depuis le début et de corriger son erreur », est entre autres intervenu Anthony Rota, mercredi.

Ce qui ne peut être fait directement, c’est prononcer le nom d’un député.

« Pendant les débats, les députés ne doivent pas s’appeler par leur nom ; ils doivent désigner leurs collègues par leur titre, leur poste ou leur circonscription pour éviter toute tendance à personnaliser le débat », stipule le livre de procédures et usages de la Chambre des communes.

« Le président a jugé que le terme ‘‘Justinflation’’ était une manière d’utiliser le nom du premier ministre de manière indirecte », a écrit jeudi dans un courriel Amélie Crosson, porte-parole au bureau du président Anthony Rota.

Un terme non parlementaire

Lundi, le secrétaire parlementaire du leader du gouvernement en Chambre, Kevin Lamoureux, avait réclamé l’intervention de la vice-présidente adjointe, Carol Hughes, après que le député conservateur Garnett Genuis eut employé trois fois l’expression.

« J’ai fait preuve de patience envers le député, a-t-il lancé. Je dirais que le député le fait intentionnellement et qu’il devrait essayer de se conformer en n’utilisant pas ce terme, qui est non parlementaire. » L’élu néo-démocrate Charlie Angus a opiné.

Le député utilise sans cesse ce terme un peu nul, et je ne pense pas que ce soit approprié.

Charlie Angus, député néo-démocrate

Le terme « Justinflation », qu’affectionnent les conservateurs, est une adaptation canadienne d’un jeu de mots similaire en provenance du sud de la frontière : aux États-Unis, les républicains ont « Bidenflation ». Dans un cas comme dans l’autre, on l’utilise abondamment comme mot-clic sur les réseaux sociaux.

Le choix du président ?

« Peut-être marquer une pause au bon endroit [entre just et inflation] », a-t-il prodigué comme conseil à la cheffe adjointe conservatrice Melissa Lantsman, mercredi.

Il n’existe pas de liste de mots à l’index à la Chambre des communes, contrairement à l’Assemblée nationale.