(Ottawa) La campagne du candidat Patrick Brown, disqualifié de la course à la direction conservatrice il y a quelques jours, admet à mots couverts que les carottes sont cuites, et appelle à voter pour Jean Charest. Le coprésident de la campagne s’est d’ailleurs rangé dans ce camp.

« Il est fort probable que [l’appel de la décision] ne réussira pas avant le vote, a reconnu la campagne Brown dans un courriel envoyé mardi à ses partisans. Si tel est le cas, Patrick a clairement indiqué qu’il soutiendrait tout nouveau chef du PCC, à l’exception de Pierre Poilievre. »

Le candidat déchu votera donc pour Jean Charest, car « au bout du compte », il estime que l’ancien premier ministre du Québec « a les meilleures chances de faire blocage à l’extrémisme de Pierre Poilievre », poursuit-on dans la déclaration.

Malgré tout, le maire de Brampton, qui a été disqualifié de la course par le comité organisateur en raison de « sérieuses allégations d’actes répréhensibles » il y a un peu plus d’une semaine, ne jette pas l’éponge : il va se battre contre la décision prise par l’instance à l’issue d’un « processus truqué », assure-t-on.

Du renfort

En milieu de journée, John Reynolds, coprésident de la campagne Brown, se ralliait à l’équipe Charest.

Le candidat du Québec est « le meilleur choix pour unir le Parti conservateur du Canada et pour former un gouvernement conservateur national », et représente une option pour ceux qui « recherchent une alternative sérieuse aux politiques identitaires d’extrême gauche de Justin Trudeau », a écrit dans sa lettre de soutien cet ancien député conservateur.

Y déplorant le « ton utilisé par certaines campagnes », lequel renforce le sentiment de division « au sein du parti, non seulement entre les membres et nos supporteurs eux-mêmes, mais aussi entre les députés du caucus », celui qui a brièvement été chef par intérim de l’Alliance canadienne au début des années 2000 a repris certains reproches formulés par Patrick Brown dans les heures qui ont suivi son expulsion.

« À l’heure actuelle, le pouvoir est entre les mains de l’establishment du parti. C’est le temps de le redonner à la base conservatrice et de donner aux présidents d’associations le respect qu’ils méritent » et d’opter pour un chef « qui offrira aux Canadiens des idées ambitieuses au même titre que des solutions sérieuses, non pas seulement des slogans réclamant plus de liberté », tranche John Reynolds.

Le litige opposant Patrick Brown aux instances du Parti conservateur est entre les mains des avocats.

De l’avis de plusieurs observateurs, cette disqualification donne un sérieux avantage à Pierre Poilievre.

Le député de Carleton, qui a rallié la vaste majorité de la députation conservatrice actuelle (60 élus sur 119) et qui affirme avoir vendu quelque 312 000 cartes de membre, pourrait obtenir une majorité de points dès le premier tour.

La campagne de Patrick Brown avait chiffré à environ 150 000 le nombre de cartes de membre vendues. Son nom apparaît sur les bulletins de vote ; il reste à voir si ceux qui avaient acheté une carte exerceront leur droit de vote, à côté de quel nom ils feront une croix et à qui ira leur deuxième choix dans ce vote préférentiel.

Le scrutin aura lieu le 10 septembre prochain.