(Ottawa) Le maire d’Ottawa et certains conseillers municipaux ont reçu des menaces de mort en provenance des États-Unis lors du « convoi de la liberté » en février, a appris La Presse. Une enquête avait été ouverte environ une semaine après le début de la manifestation, mais aujourd’hui, elle piétine.

Dans des courriels obtenus en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, l’ex-chef du Service de police d’Ottawa, Peter Sloly, indique être au fait qu’un courriel intitulé « A Bullet in Your Head » (Une balle dans la tête) a été envoyé à de nombreux destinataires au sein du conseil municipal d’Ottawa et à des fonctionnaires de la Ville.

« En ce moment, les analyses ont déterminé l’emplacement de l’expéditeur à l’extérieur du Canada », écrit-il le 3 février.

Dans un courriel subséquent envoyé deux jours plus tard, il précise que la police « enquête activement sur cette situation » et demande leur aide aux destinataires pour obtenir les métadonnées associées au courriel de menaces.

Nous travaillons avec les forces de l’ordre américaines pour retrouver l’expéditeur de ces courriels. Nous avons été avisés que cette personne ne réside pas au Canada.

Peter Sloly, ex-chef du Service de police d’Ottawa, dans un courriel au mois de février

Il leur demande d’envoyer toute autre menace reçue à l’un de ses enquêteurs. La Presse a tenté de joindre cet enquêteur, sans succès. « Nous n’avons aucun nouveau développement ou détail à donner actuellement », a répondu, par la suite, le service des relations avec les médias.

Le conseiller du quartier Rideau-Vanier, au centre-ville d’Ottawa, Mathieu Fleury, n’est pas surpris. « C’est un gros trou noir, dit-il en entrevue. On a soumis plusieurs informations avec peu de réponses. C’était difficile de communiquer avec les policiers durant cette période-là, puis ils se cachaient derrière des autorités supérieures. »

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Mathieu Fleury, conseiller du quartier Rideau-Vanier, au centre-ville d’Ottawa

Comme le centre de commandement formé avec la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et la Police provinciale de l’Ontario deux semaines après l’arrivée du convoi de camionneurs.

« On avait de la difficulté à avoir l’attention des policiers dans notre zone, donc vous pouvez vous imaginer à quel point c’était difficile d’avoir leur attention sur des menaces personnelles », ajoute-t-il.

Les élus municipaux, « les plus touchés »

Excédés par les klaxons incessants et les méfaits commis dans les quartiers centraux, plusieurs conseillers municipaux avaient dénoncé publiquement le « convoi de la liberté ». Le maire Jim Watson avait dit souhaiter leur départ au lendemain de leur arrivée dans une entrevue à CBC.

Son bureau confirme qu’il a reçu des dizaines de menaces non seulement par écrit, mais aussi verbalement. La plupart des menaces en ligne provenaient de l’Alberta et des États-Unis, a-t-on indiqué. Un Néo-Brunswickois de 49 ans a plaidé coupable en juin d’avoir proféré des menaces à son égard dans une vidéo sur Facebook.

On a eu plusieurs échanges sur les médias sociaux, plusieurs courriels, des menaces personnelles.

Mathieu Fleury, conseiller du quartier Rideau-Vanier, au centre-ville d’Ottawa

« C’était pas mal flagrant pour les élus municipaux qui étaient loin de la raison de la manifestation, mais qui étaient les plus touchés par le comportement des manifestants », soutient-il.

Le conseiller municipal de 36 ans avait fait les manchettes dans certains médias de droite au sud de la frontière, dont Fox News, pour avoir demandé au directeur général et au chef du contentieux de la Ville de lancer des poursuites judiciaires pour tenter d’obtenir les millions de dollars amassés par l’entremise du site GoFundMe pour financer l’occupation du centre-ville. Il estimait que ce n’était pas aux citoyens de payer pour les frais encourus et l’avait fait savoir sur Twitter.

Avec William Leclerc