Le ministre des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, se dit « en complet désaccord » avec l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), pour qui le bilan de la Coalition avenir Québec (CAQ) est « historiquement décevant » en matière de relations avec les communautés autochtones.

De passage dans la communauté mohawk d’Akwesasne jeudi pour annoncer de nouveaux investissements afin de contrer la contrebande d’armes, Ian Lafrenière a répondu à une lettre ouverte très critique publiée par le chef de l’APNQL, Ghislain Picard.

« Nous sommes tous d’accord, on ne réglera pas 400 ans d’histoire en quelques semaines, en quelques mois et même en quelques années », a d’abord convenu le ministre en ajoutant que « là où [il est] en complet désaccord, c’est sur ce qui a été fait jusqu’à présent ».

Citant, entre autres, les « 170 millions d’annonces sur le terrain », les « deux projets de loi déposés par le Secrétariat aux affaires autochtones » depuis son arrivée en poste, en octobre 2020, Ian Lafrenière estime « être au rendez-vous ».

Le ministre a également rappelé que Québec menait actuellement des recherches pour éclaircir les circonstances de la mort ou la disparition de 72 enfants autochtones, et ce, dans la cadre de l’application de la nouvelle loi 79, qui vise à donner des réponses aux familles autochtones endeuillées depuis des décennies.

« Je pourrais passer la journée à vous citer ce qui a été fait. Cependant, ce n’est vraiment pas terminé, et il reste beaucoup de travail à faire […] », a-t-il ajouté.

« Teinté par l’arrogance »

Photo François Roy, archives LA PRESSE

Ghislain Picard, de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador

Dans sa lettre, Ghislain Picard déplore que les relations entre les Premières Nations et la CAQ sont « teintées tantôt par l’arrogance, tantôt par le mépris, le paternalisme ou le manque flagrant de considération pour nos réalités ».

Il reproche au gouvernement l’abandon de son engagement à inclure la notion de sécurisation culturelle dans la Loi sur les services de santé et les services sociaux, le fait qu’il a écarté plusieurs recommandations de l’APNQL en matière de protection de la jeunesse et l’assujettissement des communautés autochtones à la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français.

« Notre approche a toujours été celle de la bonne foi et de la main tendue. Face à tant de rebuffades et un bilan si décevant, nous avons maintenant choisi de nous faire entendre », conclut-il en ajoutant vouloir jouer « un rôle actif » dans la campagne électorale de l’automne prochain.

Excédés par le manque d’écoute du gouvernement Legault, les chefs de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador avaient annoncé le mois dernier le lancement d’une « Stratégie d’affirmation de leurs droits à l’autodétermination ».

Depuis le début du mandat de la CAQ, en 2018, les Premières Nations « se sont prêtées aux exercices de consultation, [ont entrepris] de proposer des solutions, de proposer des amendements à des projets de loi clés », mais « on sent que la porte est loin d’être ouverte », avait alors déploré Ghislain Picard.