(Ottawa) Le leader parlementaire du gouvernement, Mark Holland, appelle les élus à adoucir le ton des échanges aux Communes, après que les esprits se furent échauffés, la veille, et que les conservateurs eurent accusé le premier ministre d’avoir sacré en anglais.

Le leader parlementaire de l’opposition officielle, John Brassard, a affirmé mercredi que Justin Trudeau avait lâché une « bombe en F » (« a F-bomb ») en répondant à une intervention conservatrice durant la période des questions.

Les propos « non parlementaires » allégués n’ont pas été captés par les micros. M. Brassard a soutenu que le mot qui aurait été prononcé n’était pas « fuddle duddle », faisant ainsi référence à ce que le père de Justin Trudeau, Pierre Elliott Trudeau, a déjà dit alors qu’il avait été accusé d’avoir prononcé une obscénité de quatre lettres commençant par « f ».

Questionné au sujet de l’incident de mercredi, M. Holland a suggéré jeudi matin qu’il n’avait pas entendu ce que le premier ministre a dit. « Il y avait beaucoup de bruit », a répondu le leader parlementaire libéral avant de se rendre à la réunion du conseil des ministres.

Il a pointé du doigt les conservateurs qui, selon lui, sont responsables à 95 % du chahut en Chambre et des attaques verbales. « Ce n’est pas acceptable. C’est une place d’affaires alors c’est important de rester calme, de parler sur un ton respectueux et de ne pas créer du bruit ainsi chaque jour », a-t-il dit.

Le président de la Chambre suppléant, Chris d’Entremont, a indiqué jeudi qu’il n’avait pas été en mesure de déterminer ce qui a été dit exactement, la veille, étant donné qu’il y avait beaucoup de cacophonie. Il a cependant invité tous les élus à faire preuve de plus de respect et de décorum.

Appelé à préciser si les libéraux prenaient une part du blâme pour le fait que les esprits se sont échauffés, M. Holland a affirmé « absolument ». Il a indiqué qu’il comptait s’entretenir avec le whip des conservateurs, disant souhaiter que l’intensité des échanges baisse.

À son avis, les débats étaient particulièrement émotifs mercredi puisqu’il était question d’enjeux qui touchent tout particulièrement les élus.

Une question plantée de la libérale Sophie Chatel entourant le droit à l’avortement a d’ailleurs suscité l’ire des conservateurs.

Celle-ci a accusé les conservateurs québécois d’être restés silencieux face au possible recul du droit à l’avortement aux États-Unis.

Son intervention a aussitôt déclenché des cris de protestation de membres de l’opposition officielle. « C’est complètement faux ! », « Ça va faire les menteries ! » et d’autres messages de dénonciation ont fusé.

« Honte aux Québécois ! », a lancé M. Trudeau en pointant en direction des banquettes conservatrices.

Le député Gérard Deltell a relevé que lui – de même que d’autres conservateurs québécois – ont indiqué publiquement qu’ils étaient en faveur du libre choix des femmes.

Un autre élu conservateur, Don Albas, a par ailleurs reproché à Mme Chatel d’avoir fait une intervention qui n’a rien à voir avec l’administration gouvernementale, comme le requiert le règlement de la Chambre.

M. d’Entremont lui a donné raison jeudi en statuant qu’aucune question similaire à celle formulée par Mme Chatel ne serait jugée recevable à l’avenir.