(Québec) Le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, ne garantit pas que 37 000 places seront ajoutées au réseau des garderies d’ici 2025, comme l’a promis le gouvernement. Il serait « dogmatique », selon lui, d’affirmer que l’objectif sera atteint coûte que coûte, alors « qu’une série de choses » pourraient arriver en cours de route. Les partis de l’opposition, pour leur part, n’y croient tout simplement pas.

Mardi, lors de l’étude des crédits de son ministère – important exercice de reddition de comptes annuel où les partis de l’opposition questionnent le gouvernement sur l’état des politiques publiques –, le ministre de la Famille a affirmé que l’objectif prévu au « grand chantier pour les familles » était toutefois maintenu. Québec a promis l’automne dernier d’ajouter 37 000 nouvelles places subventionnées en garderie d’ici 2025 afin d’assurer une place à chaque enfant dans un service de garde reconnu. Le 31 décembre dernier, 51 761 parents étaient inscrits sur la liste d’attente pour obtenir une place pour leur enfant dans le réseau.

Or, depuis la présentation du « grand chantier », le gouvernement a raté sa cible1 en matière de création de places dans les centres de la petite enfance (CPE) et dans les garderies privées subventionnées pour l’année 2021-2022. Québec visait à en ouvrir 5000, il en a finalement créé un peu plus de 3200. M. Lacombe explique ce retard par de nombreux facteurs, y compris une certaine fatigue dans le réseau qui a aussi géré les vagues successives de la pandémie de COVID-19. Le ministre croit pouvoir rattraper ce retard au cours de l’été.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Mathieu Lacombe, ministre de la Famille

D’autres facteurs pourraient-ils ralentir le rythme et retarder l’atteinte de l’objectif de créer plus de 37 000 places d’ici 2025 ? « Je suis toujours convaincu qu’on a le meilleur plan de match et, jusqu’à maintenant, je ne vois pas pourquoi on le changerait. S’il faut s’ajuster en cours de route, on s’ajustera. Mais pour l’instant, on garde le cap », a répondu le ministre de la Famille.

La promesse de compléter le réseau d’ici 2025 est-elle alors ferme ? « Je pense que ça serait dogmatique de vous dire qu’on a un échéancier et que peu importe ce qui arrivera, on n’en dérogera pas. […] Je pense qu’il y a toute une série de choses qui pourraient arriver, mais je suis meilleur ministre que médium, donc je vais m’arrêter là », a affirmé M. Lacombe en mêlée de presse.

L’opposition n’y croit plus

Du côté de l’opposition, la critique du Parti libéral en matière de famille, Jennifer Maccarone, ne croit pas que le ministre atteindra son objectif. « Je veux qu’on développe le réseau, sincèrement. Les parents sont désespérés. Je souhaite qu’il développe ces places. […] Mais je ne crois plus aux chiffres que le ministre partage. Ce n’est pas clair s’il comprend lui-même le développement de son propre réseau », a-t-elle dit mardi à la sortie de l’étude des crédits du ministère de la Famille.

Avec les indicateurs qu’on a, je n’y crois pas. Ce n’est pas tout de construire de nouvelles installations, il faut aussi qu’il y ait du personnel qualifié pour pouvoir offrir ces places.

Christine Labrie, députée de Québec solidaire

« En ce moment, il manque d’éducatrices pour que ça ait un impact sur l’offre des CPE qui existent déjà. Ça prendrait un tsunami d’inscriptions dans les différentes voies d’accès à la qualification pour qu’on réussisse d’ici trois ans à en avoir 18 000 de plus », a-t-elle ajouté, citant l’objectif que s’est fixé le gouvernement pour ajouter des éducatrices au réseau.

« On est face à un ministre qui est récidiviste pour les promesses non tenues de création de places. Les parents, désespérément en attente de places, ont déjà eu leur confiance minée avec le peu de proactivité qu’on a vu depuis le début du mandat », a ajouté Véronique Hivon, du Parti québécois.

L’étude des crédits du ministère de la Famille se poursuivra ce mercredi au parlement.

Avec Tommy Chouinard, La Presse

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