(Québec) Le plan « mal ficelé » et « broche à foin » du gouvernement Legault pour fournir des billets d’avion à 500 $ vers les régions est sévèrement critiqué par les partis de l’opposition, pendant que le ministre des Transports, François Bonnardel, rectifie le tir et permettra finalement aux touristes étrangers d’accéder à son programme.

« Il n’y a rien d’attaché. C’est mal ficelé, ça semble évident. Visiblement, ils construisent l’avion en plein vol, mais ils n’ont aucune excuse. Je ne vois pas comment ils peuvent justifier une telle improvisation avec tout le temps qu’ils ont eu pour le développer », dénonce le chef parlementaire du Parti québécois, Joël Arseneau, en entrevue téléphonique.

M. Bonnardel a annoncé mardi dernier un programme de subvention du transport aérien régional pour offrir des « allers-retours » de 500 $ en avion pour une série de destinations régionales, comme Rouyn-Noranda, Gaspé, Saguenay ou les Îles-de-la-Madeleine. Au total, il prévoit 261 millions en 5 ans. Il affirmait à ce moment que les touristes étrangers auraient également droit au programme.

Le lendemain, en entrevue au 98,5 FM, M. Bonnardel a toutefois dit que les Canadiens à l’extérieur du Québec ne pourraient pas obtenir les billets à 500 $. Il a également ajouté un plafond aux nombres de billets disponibles, affirmant que les Québécois pourront « profiter d’au moins trois billets d’avion par année ». Au cours de cette entrevue, il a aussi affirmé que près de 100 % des billets des avions seront affichés au tarif de 500 $.

Une erreur de Bonnardel

Le cabinet de M. Bonnardel affirme aujourd’hui que le ministre s’est mal exprimé et que les touristes, peu importe leur provenance, auront accès au programme. Pour le reste des modalités, il faudra attendre la fin des négociations avec les transporteurs aériens qui participeront au programme : pas moyen d’en savoir davantage.

Pourquoi faire une annonce dont les détails ne sont toujours pas connus ? « Notre but, c’était d’annoncer le plan rapidement pour que les Québécois sachent qu’il sera possible de voyager au Québec cet été pour 500 $ ou moins », a expliqué Claudia Loupret, attachée de presse du ministre.

Pour M. Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine, ce n’est pas acceptable. Il rappelle que le plan de M. Bonnardel est attendu depuis juin 2020, lorsqu’Air Canada a mis fin à la plupart de ses liaisons aériennes régionales. Aujourd’hui, déplore-t-il, on se retrouve avant tout avec un plan touristique pour faire voyager « les gens des villes ». Et ceux qui en ont besoin n’attendront pas au 1er juin pour planifier leurs vacances.

On nous a vendu ça comme un plan de relance. Mais ce n’est pas ça. Il n’y a pas d’analyse de la situation, pas d’objectif à atteindre, pas d’indicateur, et un seul moyen pour y parvenir, les billets à 500 $.

Joël Arseneau, chef parlementaire du Parti québécois

« Tape-à-l’œil »

La députée solidaire de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien, estime que ce plan, comme beaucoup de projets de la Coalition avenir Québec, se résume à une annonce « tape-à-l’œil » qui perd beaucoup de lustre « lorsqu’on gratte le vernis ». « Le problème du transport aérien régional, c’est son coût, oui, mais aussi la fréquence et la desserte. Ici, on se demande : à quel objectif on veut répondre ? Si l’objectif est d’emmener des touristes en avion, ça va poser d’autres enjeux de transport, comme la location d’autos par exemple », dit-elle.

Le libéral André Fortin, député de Pontiac, défend de son côté sa région, l’Outaouais, ignorée par le gouvernement. « C’est profondément inéquitable. Un Montréalais peut se rendre à Rouyn-Noranda pour 500 $. Un citoyen de Québec peut se rendre à Gaspé pour 500 $, mais un résidant de Gatineau doit se déplacer vers Montréal pour avoir accès à une destination », déplore-t-il.