Le gouvernement Legault subventionnera le transport aérien régional pour tous : dès l’été, il sera possible de voyager un peu partout au Québec pour « 500 $ l’aller-retour », un prix accessible pour les Québécois, mais également les touristes internationaux.

« Juste à temps pour vos vacances », a lancé le ministre des Transports, François Bonnardel, dans une vidéo promotionnelle diffusée à la fin d’une conférence de presse où il annonçait ce programme, mardi.

La Presse avait révélé à la fin du mois de mars que la relance du transport aérien en région passerait par un programme de rabais pour réduire le coût d’un billet d’avion. M. Bonnardel confirme qu’un nouveau programme, qui versa 61 millions en indemnisation financière pour l’industrie aérienne dès cette année, permettra de rendre « disponibles des billets à un tarif maximal de 500 $ l’aller-retour » dès le 1er juin.

Au total, Québec prévoit de dépenser 261 millions en cinq ans. « Quel est le problème du transport aérien régional ? Le prix. Le prix du billet. C’est la première chose qu’on se faisait dire sans cesse », a expliqué M. Bonnardel. Avec ce tarif unique, le ministre veut casser l’idée qu’il coûte plus cher de voyager au Québec par les airs que de prendre un vol pour Paris.

IMAGE FOURNIE PAR LE GOUVERNEMENT DU QUÉBEC

« L’accès à notre territoire et à nos régions doit être considéré comme un service essentiel », a-t-il affirmé. Le plan de Québec est de « stimuler la demande » avec ce prix réduit.

Air Canada également subventionnée

Le plan de Québec est de « stimuler la demande » avec ce prix réduit.

Toutes les compagnies aériennes auront droit à la subvention, y compris Air Canada. Mais les entreprises devront offrir une liaison aérienne toute l’année, et pas seulement pendant la saison touristique, pour avoir droit à l’aide du gouvernement, a précisé le ministre. « J’ajoute que la fréquence des vols en région isolée pourra être augmentée afin d’assurer une fréquence de desserte minimale lorsque celle-ci sera jugée trop faible », a dit M. Bonnardel.

Son gouvernement « anticipe que l’augmentation de la demande incitera les compagnies aériennes à étendre leur offre et à bonifier celle sur les liaisons existantes ».

Québec cible une vingtaine de destinations, comme Rouyn-Noranda, Sept-Îles, Gaspé ou les Îles-de-la-Madeleine et Saguenay. Elles seront accessibles à partir des aéroports de Montréal, Saint-Hubert et Québec.

Contrairement au programme d’urgence mis en place pendant la pandémie, il ne s’agit pas d’un remboursement. Le consommateur n’aura qu’à payer 500 $, et c’est le gouvernement qui versera la balance aux transporteurs aériens. L’objectif est de donner un coup de pouce aux résidants, mais également d’attirer les touristes internationaux.

M. Bonnardel a pris l’exemple d’un voyageur qui fait Paris-Montréal, et qui pourra ensuite se payer un autre billet pour aller visiter une région du Québec. Le montant de 500 $ sera ajusté chaque année après une négociation avec l’industrie aérienne. Le montant a été fixé pour qu’il soit « avantageux » pour le consommateur, a-t-il ajouté.

Des questions sans réponse

Dans les municipalités et chez certains transporteurs aériens, les vols régionaux subventionnés ont sans surprise été bien accueillis. Plusieurs s’entendent toutefois pour dire qu’il s’agit d’une mesure « transitoire » qui s’accompagne de plusieurs questions sans réponse.

Par exemple, est-ce que le plan du gouvernement Legault sera suffisant pour que l’achalandage soit significativement plus élevé « 12 mois par année et pas seulement lors de la saison estivale » ? se demande Yani Gagnon, copropriétaire de Pascan Aviation.

« Qu’est-ce qui arrive si les gens ne prennent pas l’avion dans les mois qui sont habituellement morts ? se demande-t-il. C’est une mesure constructive, mais est-ce que dans cinq ans, on aura atteint les objectifs fixés aujourd’hui ? La problématique du transport régional, c’est d’assurer une constance au chapitre du volume toute l’année. »

Tous les acteurs régionaux souhaitent une diminution du prix des billets ainsi qu’une augmentation de la fréquence des vols, surtout depuis qu’Air Canada a délaissé des marchés comme Baie-Comeau, Gaspé, Mont-Joli, Val-d’Or et les Îles-de-la-Madeleine (en dehors du service estival) en juin 2020. Le plus important transporteur au pays a conclu des ententes interlignes pour desservir ces destinations.

À Baie-Comeau, le maire Yves Montigny, qui siège au comité du transport aérien de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), accueille l’annonce de Québec comme un « pas dans la bonne direction ». Il se demande aussi si la hausse de l’achalandage ira au-delà des mois de juin à septembre.