(Québec) Les partis d’opposition complotent pour bloquer le Parlement. C’est la députée conservatrice Claire Samson qui a vendu la mèche mardi, dans une vidéo qu’elle a tournée « en direct de son lit », a lancé mercredi le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette.

« La députée d’Iberville hier dans son “live” en direct de son lit, de sa chambre à coucher, […] a dit […] qu’elle avait contacté chacun des groupes d’opposition, et qu’on allait faire du temps sur le projet de loi 28 », a-t-il reproché.

« Donc, on va bloquer le Parlement, avec la collaboration des collègues de l’opposition, c’est ce qu’elle a dit. […] Alors, voyez-vous de quelle façon on fait de la politique du côté du Parti conservateur, M. le Président ? »

Les caquistes ont ensuite fait circuler ladite vidéo, dans laquelle Mme Samson déclare avoir « parlé à des représentants de toutes les autres oppositions, pis quand ça va aller à l’article par article, on va faire du temps ».

Adoption du principe

Le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) demande la collaboration des oppositions, afin de faire adopter rapidement le projet de loi 28 visant à mettre fin à l’état d’urgence sanitaire.

Les partis d’opposition qualifient toutefois ce projet de loi de « mascarade » et de « supercherie », car il prolonge certains pouvoirs exceptionnels du gouvernement jusqu’au 31 décembre 2022.

La CAQ gouverne à l’aide de l’état d’urgence sanitaire — qui lui donne les pleins pouvoirs pour notamment contourner les conventions collectives et octroyer des contrats sans appels d’offres — depuis le 13 mars 2020.

Au moment de présenter son projet de loi 28, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a fait valoir qu’il devait conserver des décrets lui permettant d’avoir recours à des travailleurs temporaires et à différents vaccinateurs.

Mercredi, lors du débat sur l’adoption du principe, il a déclaré que « ces 29 000 personnes de moins entraîneraient une forte pression sur notre réseau de santé qui n’a pas besoin d’avoir cette pression supplémentaire ».

M. Dubé veut également prolonger ou bonifier des contrats d’entreposage et de transport de matériel qui ont été conclus de gré à gré pendant la pandémie, jusqu’à cinq ans suivant la fin de l’urgence sanitaire.

« D’aller en appel d’offres représenterait une hausse importante des coûts d’entreposage », a-t-il soutenu, avant de reprendre, deux fois plutôt qu’une, les propos de son collègue Jolin-Barrette et de dénoncer la vidéo de Claire Samson.

« Quelle ne fut pas ma surprise, M. le Président, quand j’ai vu circuler la vidéo de la députée d’Iberville comme quoi il y aurait un consensus des oppositions de ralentir le projet de loi, de faire du temps », s’est-il exclamé.

Droit de parole

De leur côté, les partis d’opposition ont nié avoir conclu pareille entente et revendiqué leur droit de parole. « Ça veut dire quoi la collaboration ? Applaudir ? Ça ne marche pas de même », a pesté le libéral Monsef Derraji.

« Il n’y a pas de sombre machination qui est en train de se dérouler », a pour sa part déclaré le porte-parole de Québec solidaire en matière de santé, Vincent Marissal.

Il accuse le gouvernement de propager « toutes sortes de rumeurs vaguement complotistes sur les oppositions, qui vont ensemble tranquillement fomenter un blocage systématique du projet de loi ».

« Ça en dit plus sur l’obsession de la CAQ pour le Parti conservateur du Québec que sur notre propre position sur le projet de loi », a renchéri M. Marissal.

Le chef parlementaire du Parti québécois, Joël Arseneau, a quant à lui gazouillé : « C’est faux ! Nous n’avons aucune intention de faire de l’obstruction. […] La députée d’Iberville […] n’est pas la porte-parole des oppositions. »