(Ottawa) L’accueil de réfugiés afghans est « une grande priorité » pour le Canada, assure Justin Trudeau au lendemain des cris du cœur lancés par d’ex-interprètes ayant épaulé les soldats canadiens. Et à ceux qui critiquent la lenteur de l’opération en la comparant au rythme de l’accueil d’Ukrainiens, il répond que « chaque situation est différente ».

Depuis la chute de Kaboul, le 15 août dernier, 10 605 Afghans qui ont voulu échapper au régime taliban sont arrivés en sol canadien. À titre comparatif, le Canada a ouvert ses portes à 11 084 ressortissants ukrainiens, dont des résidents permanents canadiens, depuis la semaine où l’invasion russe s’est mise en branle, dans la semaine du 21 février dernier.

Ce qu’il faut savoir

  • La lenteur du Canada à accueillir des réfugiés afghans a été critiquée.
  • Depuis août dernier, 10 605 réfugiés afghans sont arrivés en sol canadien.
  • Depuis la fin février, 11 084 Ukraniens et résidents permanents canadiens sont entrés au pays.
  • Des élus et des experts parlent de « deux poids, deux mesures ».
  • « Nos cœurs brisent pour les familles des interprètes », a déclaré Justin Trudeau.

Les élus du comité parlementaire spécial sur l’Afghanistan ont entendu lundi les doléances de certains de ces anciens interprètes.

« Nous sommes des alliés. Nous sommes allés au front avec les soldats canadiens […] Si on compare la façon dont nos familles sont traitées à celle dont le Canada réagit dans le cas d’autres pays, c’est honteux », a lâché l’un d’eux, Hameed Khan.

À l’issue de la séance, le député bloquiste Alexis Brunelle-Duceppe a évoqué un système à deux vitesses.

Mardi, le premier ministre Trudeau a plaidé que « chaque situation est différente ».

Car en Ukraine, les gens qui fuient la guerre « que Vladimir Poutine va perdre » sont accueillis en masse par les pays limitrophes comme la Pologne, la Moldavie ou encore la Hongrie, a-t-il relevé.

Ce n’est pas le cas en Afghanistan, où les talibans mettent des bâtons dans les roues de ceux qui cherchent à s’extirper de leurs griffes. Le processus est donc beaucoup plus complexe, a tenu à souligner Justin Trudeau en point de presse à Edmonton, où il était venu parler des mesures du budget fédéral déposé jeudi dernier.

« Nos cœurs brisent pour les familles des interprètes qui sont pris en Afghanistan avec un gouvernement, des talibans, qui sont en train d’empêcher ces gens de pouvoir quitter, de pouvoir suivre les processus pour pouvoir venir au Canada », a-t-il laissé tomber.

Le gouvernement, a-t-il souligné, travaille avec des pays tiers afin de trouver « des façons d’amener plus de gens de l’Afghanistan plus rapidement », car c’est « une grande priorité ».

Et l’engagement libéral d’accueillir 40 000 réfugiés afghans tient toujours. En fait, « on va en faire encore plus », a promis Justin Trudeau, selon qui la situation demeure « extrêmement difficile ».

Au cabinet du ministre fédéral de l’Immigration, Sean Fraser, on rappelle que ceux qui tentent de venir au Canada à partir de l’Afghanistan veulent le faire de façon permanente.

Ce n’est pas le cas des Ukrainiens — l’autorisation de voyage d’urgence créée le 17 mars dernier est un programme de visa temporaire permettant de rester au Canada jusqu’à trois ans à la fois.