(Québec) Québec solidaire propose un « plan d’urgence » pour freiner la vague de fermetures de résidences privées pour aînés (RPA). Québec doit « repenser » sa façon d’accompagner les plus petites résidences et favoriser leur conversion en OSBL lorsque la fin est inévitable.

Selon QS, l’étude du projet de loi 101 visant à renforcer la lutte contre la maltraitance envers les aînés et la surveillance de la qualité des services de santé et des services sociaux présentait « une occasion en or » d’ajouter des dispositions légales afin de mieux protéger les plus petites RPA et d’éviter le déménagement d’aînés lors de la fermeture d’établissements.

La Presse révélait lundi qu’au moins 150 RPA, dont la grande majorité a moins de 50 places, ont fermé leurs portes depuis janvier 2021. Un phénomène qui va s’accélérer si le gouvernement Legault n’intervient pas directement en raison de l’augmentation du coût des soins, a fait valoir le président-directeur général du Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA), Marc Fortin.

(Re)lisez « Saignée dans les RPA »

« On savait que c’était en train de se passer, mais on ne savait pas à quel point. Ce qui se passe en ce moment, c’est vraiment grave, parce que les conséquences, on va les avoir pendant des années si le gouvernement n’agit pas tout de suite », a réagi le député solidaire Sol Zanetti.

Les conséquences de la fermeture d’une RPA, le système d’hébergement au Québec ne pourra pas les gérer. On ne peut pas se permettre ça, ça va amener des drames humains.

Sol Zanetti, député de Québec solidaire, porte-parole en matière d’aînés

Lors de l’étude détaillée du projet de loi 101, la formation politique a présenté une série d’amendements qui auraient permis le déploiement d’un « plan d’urgence » pour freiner l’hémorragie.

Notamment, la certification des RPA devrait prévoir un mécanisme de conversion en OBNL. Si une petite résidence est en difficulté financière et veut fermer, l’État devrait avoir le droit de la reprendre et de confier sa gestion à un OBNL, explique M. Zanetti. « L’objectif de ça […] c’est de faire basculer du privé à l’économie sociale le plus de résidences privées possible, celles qui le souhaitent, évidemment », dit-il.

QS propose aussi que les certifications délivrées par les CISSS s’accompagnent d’obligation pour un futur acheteur de maintenir le bâtiment acheté en tant que RPA. Pour recevoir des subventions, les RPA devraient aussi ouvrir leurs livres pour que le gouvernement puisse voir leur rentabilité, soutient-il. Ces propositions ont été rejetées lors de l’étude détaillée du texte législatif.

« Nous sommes bien conscients des défis auxquels les RPA font face », a réagi le cabinet de la ministre responsable des Aînés dans un courriel. « C’est pourquoi nous les avons soutenues de manière considérable à l’aide de nouveaux programmes (aide d’urgence, primes pour employés, modernisation des installations, pallier l’augmentation de prime d’assurance) », énumère-t-on.

« Ces aides sont historiques, c’est du jamais-vu pour le secteur privé », ajoute le cabinet.

Revoir le financement

Le Parti québécois et le Parti libéral du Québec estiment par ailleurs que Québec devrait réviser le financement accordé aux petites résidences.

« Force est d’admettre que [l’aide versée aux résidences] n’a pas fonctionné. C’est bien beau de faire des annonces, mais il faut suivre l’état de situation. Quand on lit et voit ce qui se passe, c’est clair que les mesures ne sont pas suffisantes ou pas bien ciblées », affirme la députée libérale Monique Sauvé, qui estime que la situation exposée dans La Presse est « épouvantable » pour les aînés et leur famille.

Le son de cloche est similaire du côté de la députée Lorraine Richard : « C’est horrible ce que les aînés doivent affronter en étant déracinés », lance-t-elle. La députée de Duplessis plaide en faveur du rehaussement du financement des RPA à condition qu’elles « montrent patte blanche » au sujet de leurs activités. Elle estime que les CISSS doivent offrir un meilleur soutien aux familles en cas de fermeture.