(Québec) Pendant deux heures, vendredi, le ministre des Finances, Eric Girard, a dû se porter à la défense de la mesure phare de son budget 2022-2023, alors qu’il était bombardé de questions par les partis d’opposition dans le cadre d’une interpellation à l’Assemblée nationale.

Le ministre a annoncé mardi que 6,4 millions de contribuables ayant un revenu annuel inférieur à 100 000 $ allaient bientôt recevoir la somme de 500 $ pour contrer l’effet de l’inflation, un geste aussitôt qualifié d’« électoraliste » et de « partisan » par les partis d’opposition, compte tenu que le « cadeau » du gouvernement caquiste survient à quelques mois de la prochaine échéance électorale.

Au cours des derniers jours, M. Girard a nié tout lien avec la prochaine élection et il a réaffirmé vendredi que l’inflation s’était maintenue autour de 2 % depuis une trentaine d’années, mais qu’elle grimpera cette année autour de 4,7 %, d’où l’importance et l’urgence d’intervenir.

Devant une hausse si soudaine et substantielle du coût de la vie, Québec a dit vouloir réagir rapidement en liant son coup de pouce financier à la déclaration de revenus 2021, afin d’aider les gens à maintenir leur pouvoir d’achat à court terme.

Il fallait agir tout de suite, dans le budget de mardi dernier, « parce que c’est maintenant que les Québécois sont impactés » par la hausse importante de l’inflation, a justifié le ministre dans ses remarques, en s’en tenant au discours qu’il tient depuis mardi.

Mais l’opposition n’a pas été impressionnée. En point de presse, l’ex-ministre des Finances et député libéral Carlos Leitão a réaffirmé qu’à ses yeux le budget déposé mardi était un exercice « à courte vue », axé sur le versement ponctuel, non récurrent, d’un montant de 500 $ à la grande majorité des contribuables. Or, M. Leitão aurait préféré que cette mesure destinée à combattre l’inflation soit davantage ciblée et récurrente, en visant uniquement les personnes en ayant vraiment besoin.

Bref, selon lui, le ministre Girard a manqué de vision dans sa démarche en vue de protéger les contribuables contre la hausse du coût de la vie.

C’est ce que croit aussi Québec solidaire, persuadé que le gouvernement Legault aurait dû plutôt doubler le crédit d’impôt pour solidarité pendant six mois, pour mieux s’attaquer à l’inflation et mieux protéger le portefeuille des gens à faible revenu.

En point de presse, la porte-parole solidaire, la députée Ruba Ghazal, a aussi reproché au ministre des Finances de ne pas avoir profité de la présentation de son budget pour multiplier les mesures structurantes destinées à réduire les inégalités sociales, comme le fait d’imposer un gel temporaire des loyers et des tarifs d’électricité, ou encore de créer un programme d’aide aux premiers acheteurs d’une maison.

Avec le boom immobilier, « le rêve d’accès à la propriété est de plus en plus distant, de plus en plus éloigné, pour la nouvelle génération », a renchéri M. Leitão.