(Québec) Les oppositions ne digèrent pas les propos tenus par François Legault à la période de questions, jeudi, où il a dit tout haut « Mère Teresa » face à une députée qui questionnait Québec sur le sort économique des femmes qui n’ont pas de place pour leur enfant en garderie.

Le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) était alors talonné de questions au Salon bleu dans le contexte où des mères de famille rassemblées au sein du mouvement Ma place au travail assistaient aux travaux dans les tribunes.

« La CAQ sait très bien que les places qu’elle a annoncées […] ne répondent pas aux besoins des parents qui ont déjà leur enfant dans leurs bras. La CAQ sait très bien que pour les parents qui n’ont pas de place en ce moment [dans une garderie], il y a des conséquences financières importantes à long terme », a dénoncé la députée solidaire Christine Labrie.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Le députée de Québec solidaire, Christine Labrie

« Ça ne me surprend pas qu’ils abandonnent ces femmes. Ce qui me surprend, c’est qu’ils continuent de dire qu’ils sont féministes », a-t-elle poursuivi, avant que le premier ministre réplique, ne sachant pas que les micros étaient ouverts, « Mère Teresa ».

Une génération « sacrifiée »

En début d’après-midi, les partis d’opposition ont tenu un point de presse dans le hall du parlement avec Myriam Lapointe-Gagnon, fondatrice et porte-parole du mouvement Ma place au travail, ainsi que des mères de famille impliquées dans le mouvement, accompagnées de leur enfant.

À travers les gazouillis et le babillage des bébés dans les bras de leur mère, les oppositions ont dénoncé le « mépris » du premier ministre. « Il devrait s’excuser de son mépris, […] c’est [ce] qui me dérange. J’aimerais qu’il arrête d’être méprisant envers les femmes qui s’appauvrissent », a affirmé Christine Labrie.

« Peu importe son milieu de vie, peu importe son contexte familial, peu importe le revenu de ses parents, les enfants doivent avoir accès aux mêmes services », a ajouté Méganne Perry Mélançon du Parti québécois.

PHOTO PATRICE LAROCHE, ARCHIVES LE SOLEIL

La députée du Parti québécois, Méganne Perry Mélançon

« Mardi prochain, le gouvernement pourra utiliser tout l’argent qu’il a reçu du fédéral pour agir sur le terrain », a ajouté Jennifer Maccarone du Parti libéral en référence au budget que déposera Québec la semaine prochaine.

Un appel au féminisme

Dans sa déclaration en point de presse, Myriam Lapointe-Gagnon a pour sa part lancé un vibrant appel au féminisme, rappelant que les femmes sont les premières à payer le prix de la pénurie de places dans le réseau de services de garde éducatifs à l’enfance.

On ne peut et on ne doit pas laisser aller ce qui se passe en ce moment. Il est temps plus que jamais d’être féministe. Ça veut dire de laisser le choix aux mères de retourner ou non sur le marché du travail. Ça veut dire de laisser le choix aux pères de faire le même choix et de ne pas avoir à prendre une deuxième’’job’’pour survivre financièrement à une inflation sans précédent.

Myriam Lapointe-Gagnon

Ma place au travail manifestera samedi devant le parlement à Québec pour réclamer une aide financière temporaire d’urgence pour les parents qui n’ont pas de place en garderie. Le mouvement, qui est désormais un organisme bien établi, exige aussi que Québec inscrive dans son « grand chantier » pour les familles (le projet de loi 1, toujours à l’étude) une accessibilité garantie et universelle au réseau des garderies.

À la période de questions, jeudi, le gouvernement a refusé de donner son consentement pour débattre des motions déposées par chaque parti d’opposition sur le sujet. Le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, n’était pas présent au Salon bleu pour des raisons personnelles, une absence prévue depuis longtemps, a précisé son cabinet. Des membres du gouvernement rencontreront d’ailleurs ces prochains jours des représentants de Ma place au travail.

Québec a promis d’offrir 37 000 nouvelles places subventionnées en installation d’ici 2025. La réforme déposée par Québec inclut un investissement d’« au moins 3 milliards de dollars, dont 1,8 milliard en nouvelles mesures d’ici 2024-2025 ». Le gouvernement s’est aussi engagé « à ce que chaque enfant puisse avoir une place » lorsque le réseau sera achevé.